Minuit chrétien!

À vrai dire, je ne connaissais pas vraiment la famille au complet! Jean, le père, et Josée, la mère, un peu tout de même! Partagé entre le péché de l’indiscrétion et la vertu de la saine curiosité, j’ai fait la grande demande à Josée une semaine avant Noël, quelque part dans une allée d’épicerie. Sans trop savoir moi-même ce que j’attendais d’eux, j’ai osé proposer cet exercice de demander à ses neuf enfants de mettre sur papier une réflexion sur le sens de la fête, dans leurs mots à eux. Comme ça, en sachant fort bien qu’aucun d’entre eux et elles me raconterait ses attentes vis-à-vis un père Noël de pacotille. Josée est chrétienne, je dirais un peu plus que la normale des mères de famille du même âge. Elle a cru bon m’en prévenir avant d’accepter la mission. Mais je connais ses convictions religieuses. La famille de Jean et Josée vit à la campagne. Contrairement à certaines croyances populaires qui sont venues aux oreilles de Josée, non ils ne sont pas dans la misère. Leur grande richesse, c’est ce qu’ils sont, chacun d’entre eux, pas leurs «avoirs». Unis comme un clan, les Galipeau-Théberge. Ils ont 4, 6, 8, 10, 13, 16, 18, 19 et 21 ans. Je voulais savoir, ils se sont exprimés,

Erwann, 4 ans- «Noël c’est la fête de Jésus. À Passe-Partout, ils disent que le père Noël existe, il est dans le ciel avec des chevreuils qu’ils appellent des rennes. C’est pas vrai, c’est ma mère qui donne les cadeaux».

Yoakim, 6 ans- «Noël, c’est la fête de Jésus. On mange des sucreries à Noël. On déballe les cadeaux. On joue avec les jeux qu’on a déballés.»

Et Yaromir, en 5e année: «Pour moi Noël c’est la fête de Jésus. C’est un moment de joie, réjouissance et de gaieté. C’est aussi le début de l’année. C’est une fête où on s’offre des cadeaux. C’est le moment où toute la famille est là pour célébrer Noël. Il y a aussi la messe de minuit où on célèbre la naissance de Jésus en priant. Ensuite, on fait le réveillon, c’est la deuxième chose la plus importante de Noël. En premier la messe ensuite le réveillon.»

Au tour de Youri: «Sentiments nobles comme la paix, l’amour, la joie et la réconciliation. Ce jour férié n’est pas seulement une période de pause, mais aussi un temps propice à la réflexion, au recueillement et à l’intériorisation. Bref, Noël est un temps précieux et apprécié dans l’année qui permet de ralentir notre train de vie. C’est pour toutes ces raisons que Noël est si important à mes yeux.»

Malgré le bras droit dans le plâtre, un souvenir d’éducation physique, Vassili s’est livré à son tour: «Pour moi, Noël, c’est un mélange de deux genres de fête. La religieuse et la commerciale. La religieuse, parce que c’est avant tout la fête commémorative de Jésus, considéré comme le sauveur de l’humanité et deuxièmement la commerciale, parce que c’est comme toutes les autres fêtes, une occasion de vendre et de faire de la publicité. »

Josée raconte comment sa troupe vit cette période intense : «Noël, chez nous, commence un mois avant Noël par la fabrication d’un calendrier; on arrête de manger du dessert (ça déshabitue nos papilles au sucre, alors à Noël on goûte vraiment les petits plaisirs). Deux semaines avant le 24, nous cuisinons les mets traditionnels, c’est-à-dire meringue, sablé aux noisettes, pain d’épice, brioche et danoise. On prépare les cadeaux pour les parrains et les marraines, tout le monde prépare le sien (fabrication maison). Les plus petits pratiquent pour la crèche vivante. On réveillonne le 24 après la messe de minuit. Cadeaux et buffet. Après, on passe à la parenté.»

Alors, vous pensez vraiment que ces gens-là sont dans la misère? Ils appliquent à petite échelle la solution pour retrouver le sens des vrais Noël d’antan. De ceux-là que les plus vieux se souviennent, du sens de l’émerveillement, du partage et d’un petit mystère qu’on appelle l’amour les uns envers les autres! De ce Noël qui ne s’achète pas à crédit chez Future Shop.