Les dirigeants de la Caisse du Granit mettent chiffres sur table

Ghislain Bolduc et Michel Ouellet, respectivement président du conseil d’administration et directeur général de la Caisse populaire Desjardins du Granit.

La fermeture des centres de service Desjardins de Saint-Sébastien et de Saint-Romain sera effective en janvier 2011. Cette décision prise par le conseil d’administration de la Caisse populaire du Granit est définitive et sans appel et se base essentiellement sur des données de rentabilité. La faible part du marché qu’occupe l’institution financière représente pour ses dirigeants un indice clair que celle-ci n’est plus en mesure de compétitionner avec les banques. L’année en cours servira donc de période de transition visant notamment à outiller la portion de la clientèle affectée par la disparition d’un comptoir dans leur municipalité.

C’est ce qu’ont tenu à préciser Michel Ouellet et Ghislain Bolduc, respectivement directeur général et président de la Caisse populaire Desjardins du Granit. La sortie publique de la mairesse de Saint-Sébastien, Marie-Douce Morin, suivie d’une résolution unanime du conseil des maires de la MRC du Granit appuyant le maintien du point de service, n’auront aucun impact sur le choix des administrateurs, une décision difficile mais incontournable, tiennent-ils à préciser.

Pour justifier cette décision, MM. Ouellet et Bolduc ont présenté à l’Écho plusieurs données illustrant les tendances du marché. «En 2001, 37% des transactions étaient effectuées en mode manuel, alors qu’on en compte moins de 7% aujourd’hui. À Saint-Sébastien, par exemple, chaque transaction au comptoir représente aujourd’hui une dépense de 8,84$», évoque Michel Ouellet. «Ça prouve que le lieu physique n’est plus un incitatif pour la clientèle, qui utilise de plus en plus les services en ligne», renchérit Ghislain Bolduc.

La part du marché de la Caisse du Granit -soit le pourcentage du total des actifs des résidants des municipalités de Lambton, Lac-Drolet, Saint-Romain et Saint-Sébastien- affiche une moyenne de 26%, dont 28% pour Saint-Sébastien et 22% pour Saint-Romain. «Pourtant, autour de 80% des résidants ont un compte chez nous. Où placent-ils leur argent? Dans les banques, même si elles ne disposent d’aucun point de service ici», signale M. Ouellet. Cette tendance se mesure également à l’échelle provinciale, la part du marché des banques occupant 76% avec 1073 succursales, le 24% restant allant aux caisses Desjardins, qui disposent de 1252 points d’accès.

Si une grande partie des sociétaires choisissent de faire affaire avec le milieu banquier, c’est, aux dires de ses dirigeants, parce que la Caisse n’offre pas des produits suffisamment compétitifs. Et si elle n’est pas en mesure de le faire, c’est parce qu’elle a des dépenses que n’ont pas les banques. «Les frais d’exploitation des immeubles abritant les centres de services de Saint-Sébastien et Saint-Romain totalisent quelque 200 000$ par année. Est-ce que ce serait plus honnête de continuer à gaspiller cet argent des membres?», questionne M. Ouellet. Le directeur général cite à cet effet un des principes coopératifs du mouvement Desjardins à l’effet que «la caisse a le souci de bien informer les membres de façon à ce qu’ils prennent des décisions financières éclairées dans leur propre intérêt.» Il poursuit qu’à lui seul, le revenu net d’intérêt de la Caisse du Granit a chuté de 37,1% de 2005 à 2009 et ce même si on note une croissance de l’actif sous gestion de 40% depuis la fusion des caisses en 2001.

La décision de fermer les deux centres de service n’est pas une question de survie mais plutôt «de gestion saine et prudente», précise Ghislain Bolduc. «On prend une nouvelle direction avant de frapper un mur», ajoute Michel Ouellet. Tous deux conviennent de la légitimité des arguments «émotionnels» des opposants à la fermeture mais rappellent que celle-ci est une décision d’affaires. «Notre vocation sociale ne disparaîtra pas avec la fermeture. Nous allons poursuivre notre implication au sein des organismes via les commandites. C’est juste qu’on ne verra plus le logo Desjardins flotter à Saint-Romain et Saint-Sébastien», illustre M. Bolduc.

Également maire de Lambton, ce dernier a toutefois refusé de commenter la résolution prise unanimement par le conseil des maires de la MRC du Granit le 17 février, convenant cependant qu’il s’agissait d’un appui moral. Par ailleurs, lui et M. Ouellet indiquent que, contrairement aux allégations de la mairesse Marie-Douce Morin, la Caisse de Saint-Sébastien n’était pas la «vache à lait» avant la fusion, se trouvant plutôt la 3e sur quatre en terme de rentabilité.

Lors de l’assemblée générale de la Caisse populaire du Granit, le 19 avril, la disparition des deux centres de services fera l’objet d’un point d’information. Un guide détaillant les divers outils pouvant remplacer les transactions au comptoir sera également remis. «Nous allons supporter la clientèle dans cette étape de transition», assure le directeur général.