Vert, le vent!

En plus de l’inauguration officielle du nouveau Centre sportif Mégantic, l’année 2011 sera celle du début du grand chantier de construction du parc éolien de Saint-Robert-Bellarmin. La réalisation d’un projet économique d’envergure sans précédent, dans un domaine d’avenir, celui des énergies renouvelables. La MRC du Granit ne se contente pas d’être qu’un simple observateur dans ce nouveau type d’occupation du territoire, une occupation autant terrestre qu’aérienne, puisque le gouvernement régional, avec 16 municipalités locales associées, prend même le risque d’investir près de 9 millions de dollars (c’est pas des peanuts!) dans l’aventure éolienne avec son propre parc qu’elle exploitera avec le partenaire, Saint-Laurent Énergies.

Le Granit se retrouvera donc sur la carte de la production énergétique, au même titre que la Gaspésie, sans avoir eu à défrayer les manchettes comme d’autres régions l’ont fait en 2010, avec des contestations populaires autour des éoliennes et des gaz de schiste.

Vert, le vent! comme l’exprime si bien Saint-Laurent Énergies dans son bulletin de liaison L’Éole-Lien. L’entreprise a de bonnes raisons de se vanter de sa verte couleur. Le seul inconvénient qui est sorti lors des discussions autour des impacts environnementaux du projet de Saint-Robert-Bellarmin venait des acériculteurs exploitant des érablières dans le secteur. Les acériculteurs n’ont pas eu à sortir les pancartes ni à inviter sur place les équipes de reportage des différentes stations de télévision. La seule force du dialogue, avec le BAPE comme médiateur, a suffi pour concilier les intérêts de l’un et de l’autre, comme en conclut le directeur général de Saint-Laurent Énergies, Stéphane Boyer, qui affirmait : «Nous sommes très heureux du dialogue établi cet automne grâce au processus de médiation. Cette conclusion positive nous permet de maintenir notre calendrier de travail afin de mettre en service le parc éolien en 2012, comme prévu à notre contrat avec Hydro-Québec.» Deux ans plus tard, pour le parc éolien nous appartenant à nous, les Granitois!

Pendant ce temps, sur le terrain, beaucoup de choses ont bougé et bougeront encore au cours des prochains mois: arpentage, études géotechniques et déboisement sur chaque position d’éolienne! On ne laissera rien au hasard. Qu’est-ce qu’on ferait pas pour protéger les écosystèmes!

Bizarre quand même que, tout en se plongeant dans un secteur économique plein d’avenir, même pour nos poches de contribuables, aucune voix s’élève pour exprimer un quelconque enthousiasme face à ces projets. Est-ce que Saint-Robert-Bellarmin est à ce point éloigné de Lac-Mégantic qu’on s’y désintéresse? A-t-on pris l’habitude de rompre le silence uniquement pour chialer? Est-on capables de réaction pour les projets qui font l’unanimité? Ne trouvez pas cela emballant ce qui arrive à la MRC du Granit? Est-ce que ça prend nécessairement la menace d’une épidémie de H1N1 pour qu’on sorte collectivement de notre torpeur? La capacité d’indignation est-elle plus grande que notre capacité d’admiration, quand vient le temps de reconnaître les bons coups de nos administrateurs publics?

Père Noël dans le pétrin
Sur une note plus humoristique, certains fonctionnaires québécois sont capables d’audace et de dérision. À preuve, les rédacteurs du bulletin mensuel L’actualité économique en Estrie, de la Direction de la planification, du partenariat et de l’information sur le marché du travail. Jugez-en par vous-même avec la lecture de l’article intitulé Le Père Noël est dans le trouble.

«À l’instar de WikiLeaks, qui diffuse maintenant régulièrement des secrets d’État sur Internet, L’actualité économique en Estrie a récemment mis la main sur une correspondance ultrasecrète et confidentielle, susceptible d’avoir des conséquences inimaginables. (Note- La célèbre revue Millénium était sur le coup, mais c’est vous, lecteurs de L’actualité économique en Estrie, qui en avez la primeur.) Naturellement, nous ne dévoilerons pas nos sources, qui sont également ultrasecrètes et confidentielles.

Le dossier comporte plusieurs échanges entre le Père Noël et de très hautes instances politiques canadiennes. Dans cette correspondance, on découvre un Père Noël extrêmement préoccupé par l’avenir de sa profession. Il est un grand utilisateur des données du recensement, au Canada comme à l’étranger. Comment faire, désormais, pour déterminer les caractéristiques des enfants afin de choisir le cadeau le plus approprié? Le Père Noël fait ici référence aux nouvelles règles du recensement 2011. Les chercheurs jugent que le nouveau formulaire volontaire et écourté qui entre en vigueur en 2011 ne pourra procurer une base de données fiable.

Jusqu’en 2006, le questionnaire long du recensement était obligatoire pour 20% de la population. Pour 2011, cette procédure est remplacée par un questionnaire facultatif s’adressant au tiers des ménages canadiens. Comme partout ailleurs, l’Estrie sera affectée par ces changements. Des problématiques comme l’éducation, la pauvreté, l’employabilité, etc. seront beaucoup plus difficiles à cerner.