L’intimidation, un fléau à dénoncer!

L’intimidation laisse des marques à ses victimes. D’où l’importance de dénoncer un tel comportement.

Le suicide de l’adolescente Marjorie Raymond, une élève d’une école secondaire de Sainte-Anne-des-Monts victime d’intimidation depuis plusieurs années, n’a laissé personne indifférent. Sur les réseaux sociaux, on a rapidement assisté à une explosion de témoignages d’empathie et de partage d’expériences mutuelles. Un constat s’en dégage: l’intimidé n’oublie jamais et porte souvent toute sa vie le poids de cette violence. Comment combattre ce fléau qui gruge ses victimes par en dedans? Sûrement pas par les coups et les insultes et encore moins en ignorant ces actes, laisse entendre Stéphane Couture, psychoéducateur à la polyvalente Montignac.

Ce dernier a mis sur pied il y a deux ans le protocole de lutte à l’intimidation à la polyvalente Montignac avec l’animateur à la vie spirituelle et à l’engagement communautaire de l’institution d’enseignement, Patrick Saint-Jacques. Depuis, tous les membres du personnel et l’ensemble des élèves de l’école ont été sensibilisés au phénomène et à l’importance de signaler les cas d’intimidation aux responsables en place.

Aussi, M. Couture se montre surpris que l’établissement scolaire que fréquentait la jeune Marjorie Raymond n’ait pas un tel outil à sa disposition. «Pourtant, nous n’avons pas inventé ce protocole. Nous nous sommes inspirés d’un modèle utilisé à l’école Le Triolet de Sherbrooke et nous l’avons adapté à nos couleurs», précise-t-il.

Malgré l’existence du protocole à Montignac, Stéphane Couture ne cache pas que les dénonciations d’actes d’intimidation y sont encore trop rares. «On s’aperçoit que les jeunes savent de plus en plus ce qu’est l’intimidation et y sont davantage sensibilisés. Pourtant, les victimes et les témoins ne rapportent pas assez souvent les actes d’intimidation. On est conscient de ne traiter qu’une petite partie des cas réels. Et pourtant, dans les cas où on intervient, les récidives sont très rares.»

En vertu du protocole de lutte à l’intimidation, les victimes sont incitées à dénoncer des actes. «On leur dit de se tenir debout devant l’intimidateur, de lui dire d’arrêter, qu’on n’aime pas ce qu’il nous fait et que s’il continue, son comportement va être traité comme de l’intimidation. Une fois que la personne est avertie de cesser ses actes, qu’on lui a dit qu’on ne trouve pas ça drôle et qu’elle recommence, on sait qu’il s’agit alors d’un comportement volontaire, donc d’intimidation.» S’il peut être tentant de répliquer à la violence par la violence, Stéphane Couture juge que cette attitude est à proscrire. «Dans une société où il n’y a pas d’autres moyens mis en place, le recours à la violence est compréhensible. Mais ici, on maintient qu’on n’a pas besoin de recourir à la violence. Autrement, on ne s’en sort plus!»

Le psychoéducateur souhaite que les exemples positifs de lutte à l’intimidation incitent davantage à la dénonciation. En plus d’assurer un suivi auprès de la victime, on travaille sur le développement de l’empathie auprès de l’intimidateur. Une approche qui fonctionne bien la plupart du temps. «J’ai même vu des intimidateurs pleurer dans mon bureau après avoir réalisé la portée de leurs actes», transmet-il.

Autre point positif du protocole, les appels de parents sont devenus plus fréquents. «Ils nous informent que leur enfant est intimidé. Souvent, le jeune n’est même pas au courant de leur démarche. Mais cela nous permet quand même d’agir», apprécie-t-il, se faisant rassurant sur la discrétion des interventions. «Le soutien des parents nous est très précieux parce qu’un jeune va davantage se confier à ses parents qu’à un adulte de l’école», conclut Stéphane Couture.