Ingrid St-Pierre: à l’enseigne de la volupté

Elle est petite et sa voix cristalline. Vaporeuse au point de flotter sur le clavier du piano. Mais cette apparente légèreté ne saurait définir l’auteure compositeur interprète à la prose poétique bien sentie, ni l’indicible présence qu’elle occupe sur les planches. Le soir du 1er février, le public de l’auditorium Montignac a eu droit à une mémorable symphonie, livrée par Ingrid St-Pierre et ses complices du quatuor à cordes Quatr’ailes.

Plusieurs de ses chansons étant d’origine autobiographique (mais pas toutes a-t-elle pris soin de préciser), l’artiste a permis à l’auditoire de la connaître un peu mieux, sinon de la découvrir. Ingrid Saint-Pierre est une passionnée de mots et de musique depuis sa tendre enfance, une fille de Cabano dont la mère est artiste peintre, une jeune femme un tantinet distraite et chez qui un mélange «amour-humour» bien dosé coule dans les veines. Ingrid Saint-Pierre et à la fois unique et étrangement familière.

La soirée de vendredi dernier était composée de pièces issues de ses deux albums, Ma petite mam’zelle de chemin et L’escapade. Chansons jolies qui coulent comme l’eau claire de la source, tout en douceur malgré leur profondeur. Les textes d’Ingrid St-Pierre envoûtent et sont imagés façon cinémascope. Les Froufrous blancs, où celle qui souhaiterait être à la place de la mariée ne lui souhaite pas exactement ses meilleurs vœux. Valentine, récit d’une histoire d’amour jamais commencée, Coin Livernoche ou paroles non dites lors d’un premier rendez-vous qui sera aussi le dernier. Des histoires drôles et, quelque part, touchantes de réalisme.

Aux mots et piano d’Ingrid se joignaient Shonna Angers, Edith Fitzgerald, Sarah Martineau et Camille Paquette-Roy, qui forment l’ensemble Quatr’ailes, un quatuor de violons, violoncelle et autres instruments harmoniques. En résultait une ambiance de concert, d’une musicalité à la fois classique et contemporaine. Incomparable sans être éclatée. Un je-ne-sais-quoi de vaguement familier.