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Inch’Allah
Jumelles à la main, ils cherchent le meilleur point de vue sur ground zero. Le parvis de l’église, dans les premiers jours après la tragédie, puis le boulevard des Vétérans, maintenant que la partie non touchée par l’incendie est rouverte aux résidants, près de Milette. Chaque fin de semaine, depuis le 6 juillet, amène son lot de visiteurs en pèlerinage. Des «locaux» finissent par s’y habituer, d’autres moins. Ils se sentent épiés, observés! Mais c’est bon pour l’économie, le tourisme!
De tout temps, ils ont été les bienvenus dans ce coin du Québec. Plus d’une centaine d’années d’histoire de villégiature, on ne «scrappe» pas ça à cause d’un train fou. Donc, dans la mesure où ils se débrouillent pour trouver une chambre, un resto où casser la croûte ou un endroit où aller faire pipi, la ville dans son état actuel fait encore la job. Tant qu’ils ne monteront dans les escaliers des résidences privées pour mieux voir, le tourisme se tolère. Tant qu’ils ne se soulageront pas le long de la haie de cèdre!
Ici, le GPS a perdu le nord. Sur la rue Villeneuve, un «étrange» m’aborde. «Quel chemin on prend pour Québec?» Me sens un peu comme le résidant sur la rue Saint-Jean, à Québec, qui se ferait demander: «Quel chemin on prend pour Lac-Mégantic?» Mais bon, on est fins, gentils et accueillants. Puis un autre, «Quelle route pour Woburn?». Il suffit de marcher sur le trottoir de cette ville pour devenir un semblant de carte routière, un semblant de guide touristique.
Besoin de se faire aimer, mais ces temps-ci, on a aussi besoin de se faire rassurer. Alors, quand le ministère de l’Environnement te dit que la rivière Chaudière est pas si affectée que ça, que le pétrole léger a fini par s’écouler et que le discours change soudain parce qu’un résidant de Frontenac qui est tombé à l’eau est ressorti avec ses bottes noires de pétrole, on hésite, on tergiverse. Quand le même ministère dit que tous les tests ont été pris et que les résidants du boulevard des Vétérans peuvent y revenir comme si de rien n’était, j’hésite un peu!
On cherche encore à identifier les produits dangereux qui se sont retrouvés dans l’environnement du centre-ville, mais les tests disent que les résidants peuvent réintégrer leur logis qui est resté debout, alors qu’à l’autre bout, tu creuses un peu et le pétrole jaillit de terre. Les acteurs politiques comme les acteurs économiques n’aiment pas le discours alarmiste, ni les infos alarmantes. Pas bon pour le business.
On ne sait pas trop ce que le train de MMA nous a chié dans le centre-ville, mais un coup d’éponge et voilà une bonne nouvelle à annoncer.
Une pétrolière, Irving, et une compagnie de chemin de fer, Montreal Maine & Atlantic Railway, ont joué à la roulette russe avec le canon de leur fusil pointé sur nos tempes, et le coup est parti. Oh malheur! Ils ont aussitôt appelé leurs assurances pour se faire rembourser le prix de la cartouche. «C’est pas nous qui avons appuyé sur la détente!» se sont-ils défendus, en empochant leur chèque, les salauds! C’est ce qui s’appelle récupérer le beurre, l’argent du beurre et l’argent du train de livraison du beurre et laisser la zone sinistrée dans la «poêle brûlée au fond»!
L’histoire est riche de leçons! Propos échangés par des fonctionnaires lors d’une réunion secrète à la suite du renflouage du Irving Whale: «Les déversements récents dans lesquels nous sommes intervenus semblent indiquer que les médias peuvent avoir une influence plus néfaste sur l’économie locale que la contamination par les hydrocarbures elle-même. À condition qu’un plan de communication soit mis en place à l’avance, nous croyons que la réaction des médias, soit durant une opération, soit à la suite d’un déversement, peut être utilisée pour contribuer à réduire les dommages économiques. Au cours des nombreux déversements ou opérations auxquelles nous avons assisté, une politique à l’égard des médias avait été conçue et adoptée avec succès!»
Faudrait pas que les prochaines générations, dans ce cas-ci, soient victimes de l’insouciance des uns et de la rapidité des autres à camoufler.
L’état d’urgence levé, les Méganticois, oui, oui, ceux-là qui vivent sur la terre de pèlerinage et qui seront taxés et surtaxés pour des siècles et des siècles, ont le droit d’être écoutés. Et ceux-là, venus d’ailleurs et qui ont des éclairs de génie, ont aussi le droit de contribuer, à leur façon, à relever cette ville.
Comme ces jeunes professionnels comptant des architectes, des urbanistes, des architectes de paysage et des designers qui ne demandent pas mieux que d’aider, «humblement», à la reconstruction qui prendra des années et des années. Comme cet homme d’affaires de Québec prêt à souscrire à une fondation d’envergure internationale qui appuierait des projets d’avenir. Comme ces scientifiques qui se sont sentis interpellés, eux aussi, et qui développent dans leur quotidien, une panoplie de solutions d’avenir à nos problématiques qui collent à notre passé de petite ville ferroviaire.
Cimetière un bref moment, le centre-ville et la ville toute entière vont devenir un chantier «pharaonesque». Faudrait juste pas qu’on se contente de remuer la terre, de boucher les trous et de planter 47 arbres!
Lac-Mégantic a besoin de se refaire une image. Unique. Mondiale. On le doit à celles et ceux qui en ont payé le prix. On le doit aussi à celles et ceux qui, partout dans le monde, ont vu la désolation! Ceux qui ont vu une ville verte se transformer en parc de sable bitumineux! «La colère est mauvaise conseillère», supplie l’agneau. «Mais c’est une foutue bonne nourricière», répond le lion en refermant sa puissante mâchoire sur le gigot.
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