La Puce au Panthéon québécois des animaux

Dr Michel Pépin, directeur général de l’Association des médecins vétérinaires du Québec en pratique des petits animaux, Paul Leclerc et sa Puce honorée, et Chantale Allinger, présidente de l’Association.

Parmi les actes héroïques posés dans la nuit du 6 juillet, celui d’un chien yorkshire de 10 ans qui a sauvé la vie de son maître, Paul Leclerc, un résidant du Boulevard des Vétérans. «Je suis en amour avec», disait l’homme, âgé de 83 ans, en regardant La Puce précieusement lovée dans ses bras, juste avant la cérémonie d’intronisation au Panthéon québécois des animaux, jeudi dernier, dans le mail du Carrefour Lac Mégantic.

L’Association des médecins vétérinaires du Québec en pratique des petits animaux a honoré le héros, «dans le top 3 des histoires les plus touchantes», reconnaît son directeur général, Dr Michel Pépin.

Paul Leclerc a tout perdu dans l’incendie de sa maison, mais il est en vie. Et sa femme Françoise aussi, elle qui séjourne au Centre de santé du Granit depuis quelque temps et qui venait d’y retourner quelques heures plus tôt après une journée à la maison.

L’homme dort à poings fermés avec, à ses côtés, La Puce et son autre chien, Bouboule, une shih tzu de trois ans. La Puce, qui a l’oreille fine, est alertée par un bruit sourd. La responsable des communications de la SPA de l’Estrie, Cathy Bergeron, raconte la suite. «Inquiète, elle se met à gratter l’épaule de M. Leclerc puis saute précipitamment du lit. Intrigué, il se lève et d’instinct se dirige vers l’entrée, à l’avant de la maison. Tout est calme dans la rue. Alors qu’il est bien décidé à regagner son lit, soudain, un hurlement se fait entendre à l’arrière du domicile. La Puce? Il connaît bien son aboiement, mais jamais il ne l’a entendue donner de la voix ainsi. Il se précipite dans la cuisine. Par la vitre, il aperçoit une lueur rougeâtre provenant de l’extérieur. Son garage flambe et le feu fait déjà son chemin sur la maison de son voisin, M. Paquet. Sans perdre une seconde, il prend ses clefs d’auto, laissant tout derrière lui: vêtements, argent et même ses dents! Mais, pas question d’abandonner ses chiens!»

S’emparant de La Puce d’une main, il laisse passer Bouboule. Dans la hâte, il heurte le cadre de la porte. Blessé à la mâchoire, il ressent une brûlure sur le dessus de son crâne, tellement le brasier qui vient de s’attaquer à la maison est intense. Il fait monter La Puce dans l’auto, mais Bouboule, terrifiée, fuit dans une autre direction. Il ne sera jamais revu vivant.

«Il n’avait pas franchi dix mètres avec son véhicule que, sous la force d’une immense explosion, son garage est propulsé dans les airs. Le temps de s’engager dans la rue, la maison n’est plus qu’une énorme boule de feu», poursuit Cathy Bergeron.

Comme tant d’autres de ses voisins, le drame vécu par Paul Leclerc ne s’est joué qu’en l’espace de brèves minutes, voire de secondes qui ont fait toute la différence.

Les images du drame vécu à Lac-Mégantic sont aussitôt retransmises sur Internet par les médias. À Montréal, Luc Landry, un ami de la famille, apprend la nouvelle et alerte aussitôt le fils de Paul Leclerc, Mikel, un ingénieur forestier qui habite Prince George en Colombie-Britannique. Il saute sur l’ordinateur et découvre, stupéfait: «C’est la rue de mon père; il n’y a plus rien!»
Dans un message qu’il a fait parvenir à l’occasion de l’intronisation de La Puce au Panthéon québécois des animaux, Mikel Leclerc écrit: «Je suis extrêmement ému par l’intronisation de cet honorable membre de notre famille. Elle a non seulement sauvé la vie de mon père, mais du même coup aussi la mienne. (Mon père) m’a donné tout l’amour nécessaire pour réussir dans la vie. Qui aurait pu prédire qu’un jour ce petit paquet d’amour aurait fait une action aussi extraordinaire, grandiose et héroïque que de sauver mon père. J’ai une dette envers toi, La Puce!»