Un affreux, bête et méchant attachant

Au-delà de 200 personnes ont assisté à la prestation de l’humoriste François Bellefeuille, qui rodait son spectacle à l’auditorium Montignac le 25 octobre. Une soirée survoltée, à l’image du personnage disjoncté.

Il crie pour parler et hurle pour crier. Comme sa vie est une succession de frustrations, il est toujours fâché. Cheveux hirsutes, lunettes des années 80, le personnage à lui seul n’est pas dépourvu d’intérêt. Une bizarre de bibitte qui n’a ni conjointe ni ami, le genre affreux, bête et méchant qui n’hésite pas à tourner en dérision son apparence physique.

L’affreux bête et méchant qu’a choisi d’incarner cet ancien vétérinaire, a reçu un accueil chaleureux à Lac-Mégantic. Son premier one man show étant actuellement en rodage, il a testé plusieurs blagues qui ont été plus souvent qu’autrement suivies d’applaudissements. Sa marque de commerce: l’air de bœuf. Le gars déteste les minces naturelles et la Saint-Valentin, peut mordre s’il est contrarié, torturer psychologiquement un poussin en lui cassant des œufs en pleine face et parle fort envers et contre tous, même (et peut-être surtout) dans une bibliothèque.

Oui, l’affreux bête et méchant est attachant. Même s’il crie tout le temps. En fait, ce personnage est un ramassis de frustrations qui rejoignent quelque part tout un chacun, avec des réactions à la puissance 1000, qui ne sont jamais motivées par un désir de plaire. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il fait preuve d’une franchise assumée.
Parmi les moments forts de la soirée, sa découverte des livres, les inscriptions sur les sachets de sucre étant sa seule littérature consommée à ce jour. Bellefeuille présentera donc les récits qui lui ont été suggérés par la bibliothèque, des contes pour enfants qu’il revisite à sa façon, question de tourner en dérision les invraisemblances qu’ils contiennent. Il se rabattra finalement sur un cahier à colorier, où il s’ajoutera à l’histoire, lui donnant une note sanglante façon affreux, bête et méchant.