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Justice et réparation
Le recours collectif intenté par l’avocat Daniel Larochelle et ses bureaux associés à Montréal, Toronto et New York, est sans doute le meilleur instrument offert à la population de Lac-Mégantic pour espérer obtenir des compagnies responsables des dommages engendrés par la tragédie du 6 juillet une certaine justice populaire et des réparations en fonction de tous les torts humainement et matériellement subis.
Depuis des mois, le gouvernement du Québec et celui du Canada allongent les montants d’argent nécessaires pour remettre un peu d’ordre dans ce grand barda qui affecte le moral de tout le monde. Sans compter les millions versés à travers tous ces gestes de générosité et de solidarité. De la part des compagnies responsables, rien! Comme dans pas une cenne!
Depuis des mois, Québec manoeuvre en solitaire dans ce dossier. Le seul maître d’œuvre, c’est lui. Les négociations avec le fédéral, au plan des affaires intergouvernementales, se seraient résumées en un simple courriel échangé entre hauts fonctionnaires. Cette joute politique peu amicale relève des secrets d’État bien gardés derrière des portes closes. Le citoyen ne figure pas dans le plan de match. On le tient éloigné, autant qu’il est possible. D’où cette vague sensation vécue localement que le présent et l’avenir de cette ville nous échappent.
Heureusement, il y a le recours collectif. Pourquoi est-ce si important de s’y inscrire? Sans doute parce que ce ne sont pas les gouvernements qui nous prennent en charge dans cette quête vers une certaine justice à son égard. Nous sommes individuellement et collectivement les seuls meneurs du jeu, par avocats interposés. C’est vers nous, individuellement et collectivement, que s’est tournée l’opinion publique dans les heures qui ont suivi la tragédie. Nous leur devons ça, à tous ces donateurs, d’aller confronter nous-mêmes devant un tribunal de la Cour supérieure les grandes entreprises pétrolières et ferroviaires qui n’ont en aucun moment tenu compte de notre sécurité, trop aveuglées par la course à leurs propres intérêts économiques.
Ce serait déjà une très grande victoire morale si 5 000 personnes, du bébé à l’arrière-grand-père, apposaient leur signature au bas du recours collectif. Ça deviendrait gênant pour toutes ces grosses poches qui dorment du sommeil du juste si toute une population venait leur rappeler qu’ils ont mal agi, qu’ils ont été négligents, qu’ils ont «tué» 47 personnes, qu’ils ont arraché le cœur d’une communauté et qu’ils vont continuer de célébrer Noël en famille et étrenner leurs beaux habits neufs à la Messe de Minuit, sans avoir lavé leur conscience.
L’avocat Larochelle tient une belle cause entre les mains. Et le juge Martin Bureau de la Cour supérieure un dossier qui risque d’avoir d’énormes répercussions dans l’avenir, au moment où, tant le Canada que le Québec sont embarqués dans le même train de l’exploitation pétrolière et gazière. Ce qui est arrivé à Lac-Mégantic le 6 juillet les place tous les deux dans le plus grand embarras. Comment peuvent-ils rassurer les Québécois, les Canadiens que c’est dans l’intérêt de la nation de pousser l’exploration et l’exploitation des combustibles fossiles, s’ils ne réussissent pas à discipliner les compagnies? Et malgré le resserrement des règles du jeu, au niveau par exemple de la sécurité ferroviaire, qu’est-ce les citoyens canadiens vont retenir si les Méganticois n’obtiennent pas justice et réparation de la part des compagnies responsables? Si ce sont encore et toujours les contribuables qui auront à défrayer la facture?
Le recours collectif n’est pas que symbolique. Peu importe le montant que les «intimés» auront à cracher en deux, trois, quatre, cinq ou six chiffres alignés sur un chèque, ces gens-là doivent payer, se réconcilier avec la communauté, parce que toutes les autres localités le long des voies ferrées de ce pays et le long des pipelines les regardent aller. S’ils font la sourde oreille à ce recours collectif, s’ils donnent le mandat à leurs avocats de contester, de riposter, de faire traîner en longueur ou simplement de continuer de nous niaiser, individuellement ou collectivement, ils ne feront que prolonger sur des mois et des mois le sentiment d’une injustice qui leur fera plus de tort que de bien.
Pas sûr que tous ces complets-cravates à 400$ de l’heure et plus aimeront leurs allers-retours au Centre sportif Mégantic pour l’audition de la cause. Pas sûr qu’ils gagneront en popularité quand les gens de la place, dans leur cuisine ou leur salon, suivront la «cour est ouverte» retransmise en direct. Pas sûr non plus qu’ils aimeront salir leurs beaux souliers fraîchement cirés en plein cœur du bourbier causé par leurs clients.
Le Recours collectif Lac-Mégantic mérite facilement les cinq minutes que ça prend pour remplir le formulaire sur le site. C’est un geste purement communautaire, un devoir citoyen pour que ces entreprises-là, les propriétaires et productrices du pétrole déversé dans notre centre-ville, les transporteurs ferroviaires, les locateurs de wagons incriminés et surtout l’acheteur du pétrole, Irving, se fassent mettre le nez dans la «marde» qu’ils nous ont laissée, en s’en lavant les mains.
Il ne faut surtout qu’ils s’en sortent aussi facilement. Et ne comptez surtout pas que le gouvernement fédéral sorte le bâton pour faire appliquer le bon vieux principe du pollueur-payeur, malgré ce qu’en dit Stephen Harper. Quand est-ce que vous avez vu le gouvernement du Canada adosser au mur les pollueurs pour qu’ils ramassent leur merde? Quand est-ce que vous avez vu de grandes pétrolières indemniser une population entière pour les torts qui lui ont été causés? Ce serait justice que Lac-Mégantic devienne là encore une première !
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