Oscar Brochy

Même bataille sur deux continents!

D’abord anecdotique, le petit fait divers a failli prendre des allures de catastrophe. Les faits: dans la grande agglomération lyonnaise, en France, on déplace un bateau de 16 mètres de long depuis la rive du Rhône vers Condrieu, escorté par deux voitures pilotes. Une puissante grue retire le mastodonte de l’eau pour le déposer avec précaution sur une remorque de grand gabarit. Le voyage se passe bien jusqu’au moment où le convoi routier franchit un passage à niveau, situé près de la gare et présentant une inclinaison pourtant moins accentuée que celle que l’on «retrouvait» ici, sur la rue Frontenac. Comme on ne le voit que dans les films, la plateforme s’immobilise net, fret, sec. Le «ventre» de la plateforme est resté coincé sur la voie ferrée. Arrêt obligé au beau milieu de la voie ferrée. Le genre de situation qui ne se lit pas dans la colonne des risques d’un plan d’urgence quelconque. Même pas en petits caractères. Vite, il faut appeler la compagnie de chemin de fer. Malheur, le téléphone de secours et d’urgence installé au passage à niveau ne fonctionne pas! En panne! «Impossible d’avertir la SNCF, un train pouvant arriver d’une seconde à l’autre, sachant que la circulation à cet endroit est importante, avec le fret et ses nombreux convois», rapporte La Tribune de Lyon. Encore une situation qui ne se retrouve pas dans un plan d’urgence quelconque, pourtant rédigé par des personnes compétentes, aux bons soins d’une administration soit disant elle aussi compétente!

Heureusement, le scénario d’une catastrophe appréhendée ne s’est finalement pas joué ce jour-là. Grâce à l’intervention des gendarmes qui patrouillaient dans le coin, on a pu rejoindre la Société nationale des chemins de fer qui a coupé la circulation ferroviaire dans les deux sens. Et on a pris le temps de dégager l’obstacle pour permettre un retour à la normale, sur le rail et sur la route.

Vous savez quoi? Les témoins de l’incident n’arrivaient pas à s’expliquer comment ce convoi exceptionnel avait pu emprunter cet itinéraire «particulièrement périlleux et dangereux, mettant en danger les biens et les personnes», poursuit l’article du journal.

Quel monde insolite qu’est le nôtre, où le simple bon sens n’est jamais pris en compte par ceux qui ont pourtant le devoir d’assurer la sécurité des citoyens! Conclusion du journaliste: «On a bel et bien évité une catastrophe à Condrieu, car on n’ose imaginer ce qui se serait passé si un train de marchandises, avec potentiellement des produits dangereux, serait entré en collision avec le bateau!»

Dans cette région de la France où sont installées entre autres une raffinerie de pétrole et toute une industrie pétrochimique, les trains de matières dangereuses qui traversent les bourgs et les villes sont fréquents. Tout un cocktail sur rail servi plusieurs fois par jour, comme on les retrouvait ici, en plein centre-ville… jusqu’au 6 juillet. Des substances chimiques hautement explosives qui, si elles avaient fait partie de notre convoi de la mort, auraient creusé un fichu gros cratère.

En France, le transport ferroviaire est plus utilisé qu’ici. Probablement aussi mieux entretenu. Ce qui n’empêche pas des groupes de citoyens de songer sérieusement à monter aux barricades, là-bas aussi. C’est Gilbert Barnachon qui me l’a raconté cette histoire de bateau coincé sur les rails. Il a logé un coup de fil au bureau de l’Écho, en début de semaine. À ce que j’ai compris, le groupe qu’il représente va tenir une importante réunion à Communay, le 19 mars, pour réfléchir sur les actions à entreprendre afin d’assurer une meilleure sécurité des populations face à l’augmentation du trafic ferroviaire des marchandises. Et, vous l’aurez deviné, Lac-Mégantic est à l’agenda. Parce que Lac-Mégantic est devenue malgré elle une référence internationale du pire qui peut se produire quand on laisse partir en chaine une erreur additionnée à une autre, un incident additionné à un autre, une anecdote additionnée à une autre. Les maillons qui, lorsqu’ils ne sont pas brisés assez tôt, enchaînent solidement une tragédie. Plan d’urgence ou pas!

Lac-Mégantic était aussi au programme, le week-end dernier, dans la baie de San Francisco, pour une grand-messe des environnementalistes et des groupes d’activistes. Marilaine Savard, notre porte-parole des citoyens et des défenseurs de l’environnement, a pu constater qu’en Californie l’environnement n’est pas une marchandise à vendre au plus offrant. Il n’est pas non plus à barder. Les écolos ne sont pas les enfants pauvres du mouvement citoyen. Ils sont, au contraire, soutenus par des fondations, des organismes et des mécènes qui refusent de s’agenouiller devant le chantage économique. Les verts établissent un vrai rapport de force avec le pouvoir économique. Pas le genre de relation basée sur l’amour, mais sur le «respect» gagné au terme de luttes épiques.

Elle écrit qu’il y a du smog sur la baie. Nous, on se les gèle encore, Marilaine! Et dur, à part ça ! Au Québec, on a Rambo qui réchauffe nos antennes devant la Commission Charbonneau, Pauline qui a le doigt sur le piton pour faire tourner sa chaise devant les candidats à l’émission Le Choix, lire que les élections s’en viennent, on a Colette qui voyage de Montréal à Québec pour rappeler que Lac-Mégantic existe et qui ose maintenant dire les vraies choses à une première ministre qui lui demande tout bonnement «Comment ça va ?» Et elle de répondre franchement : «Ça va mal !» Et il y a Marilaine, la guerrière, partie en Californie participer, à l’invitation de Sunflower Alliance, qui n’a rien d’une compagnie d’assurances, à trois forums contre l’implantation de raffineries en Californie.

Rassurant de voir que la fenêtre ouverte sur le monde une certaine nuit du 6 juillet, refuse de se refermer !

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