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Ils veulent reprendre racine!
La petite maison jaune compte plus d’un siècle d’histoire. Une pièce du patrimoine bâti le long de ce boulevard des Vétérans qui chevauche entre le glorieux passé et ce qui reste du présent. À l’intérieur d’un quartier entouré de hautes clôtures métalliques, louées au coût de 740$ par semaine depuis des mois pour se protéger des vandales et des voleurs, à ce qu’on dit.
Pour avoir le droit au privilège de pénétrer dans le périmètre sinistré et reposer le pied là où se dresse sa demeure encore toute fière, debout, sans odeur de pétrole à l’intérieur malgré la longue période d’abandon involontaire, l’occupant a dû montrer pattes blanches en passant à la guérite. Autant de preuves d’identité à présenter aux gardiens que ce que vous auriez à produire pour réclamer un passeport vers l’étranger. Sauf que, cette fois, il ne s’agit que d’une autorisation spéciale à regagner très temporairement le domicile. L’avis était clair. Vous avez jusqu’au 15 avril pour tout empaqueter. Ta vie, ton passé, ton histoire en ces lieux patrimoniaux que tu as conservés jalousement et fièrement ne sont devenus que des articles périssables sur un comptoir d’épicerie que l’on retire parce qu’ils sont passés date!
De la cave au grenier, l’occupant a accumulé au fil du temps des morceaux d’histoire. La maison est solide. Elle témoigne d’une évolution au fil des générations qui ont foulé le même sol depuis la 2e moitié du 19e siècle. Un motton dans la gorge, il empile les boîtes! Des tonnes de boîtes. Un déménagement qui ressemble à une fuite en Égypte! La dernière fois qu’il s’est senti ainsi, il y avait le feu qui lui courait après. Cette chaleur intense! Maintenant, il lutte contre le temps. Un temps tout aussi intense. Une véritable course contre la montre. Une fois passée la date butoir, tout ce qui restera dans la maison ne lui appartiendra plus.
Des résidents de Fatima ont eux aussi éprouvé ce genre de sentiments partagés entre la résignation et la colère. Mais il faut faire vite. Les autorités vont s’impatienter!
Quelques dizaines de mètres plus loin, vers Kelly, les propriétaires d’une résidence elle aussi ancestrale mais rasée par l’incendie désespèrent que «le petit rejeton d’un chêne plusieurs fois centenaire dont il ne reste que la souche calcinée» puisse reprendre racine sur le même terrain où il a été sauvé. Une propriété décapitée dont ils désirent quand même conserver le titre de propriété en vue d’une reconstruction. Mais le terrain devenu vague est convoité par les autorités pour on ne sait encore quel nouveau dessein. Entre-temps, les propriétaires regardent le site de l’autre côté de la clôture. La neige sur le terrain fond à vue d’œil. Ils résistent, eux qui avaient pourtant une volonté de participer à l’effort de reconstruction. Eux qui avaient un projet! Eux qui rêvaient de se relever. Ont-ils à cœur la démarche citoyenne qu’on leur propose? Pourquoi pas, en autant qu’on ne leur refuse pas le droit de récupérer leur petit domaine.
Combien de temps encore résisteront-ils à l’envie de baisser les bras devant les autorités qui leur répètent: résignez-vous, pour le bien commun! Vous serez compensés! Comme si on pouvait facilement vendre son âme et son bien pour une poignée des dollars tout en promesses!
Occupants et propriétaires dans la zone savaient que l’hiver allait être dur, long et sans pitié. L’hiver, lui, a tenu parole!
Respect et dignité!
La démarche citoyenne s’amorce bientôt. Une armée de consultants, d’experts, de spécialistes, de communicateurs, de négociateurs a été déployée pour la circonstance. Si vous êtes un résidant de Lac-Mégantic, tout probable que votre téléphone a sonné plusieurs fois, ces derniers jours. Une maison de sondage qui ne veut pas vous vendre un contrat d’entretien de pelouse, mais plutôt connaître vos intentions quant à la démarche citoyenne. À l’autre bout du fil: «Y participerez-vous?», demande Sonia. Je n’ai pas su quoi lui dire sur le moment. Euh ! Oui, non, je ne sais pas! Je ne sais plus.
Ma préoccupation du moment, que nous réserve le gouvernement libéral une fois qu’il sera installé au pouvoir? Qui portera le dossier de l’environnement et la lourde tâche de mettre sa signature politique au vaste chantier de décontamination du centre-ville? Qui portera le dossier de la justice et la lourde tâche d’assumer le dépôt des accusations criminelles au terme de l’enquête confiée à la Sûreté du Québec quant aux responsables de la tragédie du 6 juillet? Qui portera le dossier du transport et la lourde tâche d’assembler les conditions propices au montage financier d’un projet de voie de contournement ferroviaire? Qui portera le dossier des Affaires municipales et la lourde tâche d’appuyer la Ville de Lac-Mégantic dans ses projets de reconstruction ? Qui portera le dossier de la Sécurité publique et la lourde tâche de voir à ce que les leçons apprises du 6 juillet soient déterminantes pour la suite des projets énergétiques au Québec? Et tout ça dans le respect des populations concernées, pour qu’elles retrouvent une voix, qu’elles retrouvent sa dignité et surtout qu’elle se sente écoutée ! Si, bien sûr, elle a des choses à dire !
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