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Le village imaginaire dans un monde insolite!
Un patenteux? Oui, sûrement, mais Paul-Émile Martel préfère l’étiquette d’artisan. Le créateur du village sans nom aménagé au fil des ans derrière l’ancienne église de la rue Principale, à Nantes, accompagne le visiteur surpris de découvrir cet espace tout droit sorti de l’imaginaire d’un septuagénaire au cœur d’enfant. Chacun des 35 bâtiments possède ses propres caractéristiques. «Vous voyez ce pignon? Il provient d’une vieille chapelle du Trou de la Joie, à Woburn.» Ici, la récupération prend tout son sens! L’ensemble du lieu, vieille église et cour arrière, forme un monde insolite qui ne demande qu’à être découvert.
Le village miniature de Paul-Émile n’apparaît sur aucun dépliant touristique. Et pourtant, les touristes connaissent mieux cet univers surprenant que la plupart des gens qui vivent en région. D’abord intrigués par La Découverte, le bazar de Jeannine Roy et de Raymond Girard, qui occupe aujourd’hui la plus grosse partie de ce qui était autrefois le temple paroissial, les visiteurs s’arrêtent et, chemin faisant, aperçoivent dans la cour arrière le chapelet de maisonnettes reliées depuis le printemps dernier par un petit trottoir de bois.
Même l’hiver, Paul-Émile n’arrête pas de travailler dans son atelier, aménagé au sous-sol de l’«église», là où, jadis, les Willie Lamothe et les Marcel Martel d’une époque révolue venaient chanter du country. Il dégote sa matière première dans les cours à bois des usines de la région, y compris les palettes qui ont droit à une seconde vie dans ce lieu bigarré qui ne se compare à rien d’autre.
Mariée à «son» Paul depuis 55 ans, Reine Fortier n’a cesse de l’encourager dans ses aventures créatrices. «Mère, viens voir là !» À elle d’«habiter» chaque nouvelle maisonnette sortie de son atelier, parfois par des poupées, parfois par des petits meubles miniatures trouvés sur les tablettes d’un Dollarama. D’une place à l’autre, le décor du village est changeant. Paul-Émile a même dû se résigner à condamner la porte d’entrée de la petite école, parce que les enfants allaient tout bonnement s’amuser avec les petits «écoliers»! Des personnages qu’on ne regarde plus qu’à travers les vitraux!
Au fil de la promenade, une rue secondaire amène le visiteur vers un village plus western. Et près du bâtiment principal, une splendide mariée assise dans une carriole attend patiemment son bien-aimé.
Le soir, par la magie des lanternes solaires accrochées un peu partout, le village s’illumine. Mais les gens passent trop vite sur la 161, de sorte que trop d’automobilistes ne remarquent pas cet endroit quelque peu féerique.
Le chez-soi de Paul-Émile et de Reine n’a rien non plus d’ordinaire, de banal. Un salon dans l’ancienne sacristie, la cuisine, une alcôve où Paul-Émile a installé son bureau et un réfrigérateur, des verrières au plafond dans une autre pièce, de belles boiseries, de beaux meubles, une belle déco. Leur coin privé. À l’étage au-dessus, un escalier qui aboutit dans l’antre de Jeannine et de Raymond.
Un bric-à-brac surtout pas bordélique!
En achetant l’église paroissiale en 2007, Paul-Émile a accepté une clause au contrat exigée par l’archevêché! Ce lieu jadis sacré ne doit pas devenir un bordel! Donc, pas de danseuses à peine vêtues qui s’enroulent autour d’un poteau! Clause respectée en toutes lettres. La Découverte opère comme la Maison des Artisans autrefois, précise Jeanine Roy. Les gens apportent leur marchandise à vendre et la petite entreprise retient 20% de chaque vente pour l’administration et les frais fixes liés à la location du lieu.
Au départ, les deux partenaires, Jeannine et son ex, Raymond, sont allés chercher à Sherbrooke non pas un mais deux camions de 17 pieds remplis de la marchandise d’une collectionneuse. Des boîtes et des boîtes et encore des boîtes de stock de tout genre. Paul-Émile s’est offert à fabriquer des tablettes et encore des tablettes ! Rien de neuf nulle part, que de la récupération et du recyclage ! Ici, des livres, de vieilles revues, des dictionnaires qu’on ne trouverait pas même dans les rayons d’un Walmart, des cadres, des toiles, des petites voitures pour enfants, du linge, plein de déguisements, des articles ménagers; bref, même en ne cherchant rien de précis, on finit toujours par y trouver quelque chose! C’est aussi ça la magie de ce monde insolite, au cœur du village de Nantes.
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