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Un citoyen qui en a gros sur le cœur!

À l’occasion de ce deuxième anniversaire de la terrible tragédie ferroviaire du 6 juillet 2013, au centre-ville de Lac-Mégantic, moi, Maurice Arguin, j’ai décidé qu’il était temps de m’exprimer sur l’après-catastrophe que j’ai vécu dans ce centre-ville sinistré.

Je suis conscient qu’à l’instar de certaines personnes stigmatisées à Lac-Mégantic, je risque de me faire reprocher de trop parler, à cause de mes propos dérangeants pour certaines personnes. Mais j’avoue que j’ai tellement perdu, depuis le 6 juillet 2013, que je n’ai maintenant plus rien à perdre à faire éclater la vérité au grand jour.

La situation me rappelle, dans ma jeunesse, l’époque où on disait que la Russie était la pire place à habiter, parce que c’était mené par un dictateur implacable, que la population était défavorisée, comme en Allemagne oùHitler «tirait» du monde. Ici, ce sont des meurtres économiques, les deux situations se comparent très bien!

Je suis une personne très connue à Lac-Mégantic, car j’ai œuvré au service du public pendant plus de 30 ans, surtout dans la restauration, à commencer au restaurant Pizzeria Lac-Mégantic dont le propriétaire était grec, mais également comme propriétaire d’un service de remorquage et d’un centre de recyclage d’automobiles. J’ai déjà possédé sept camions remorqueurs, ce qui était considérable!

Je suis déçu que la loi 57, votée par le gouvernement québécois à la suite de la tragédie du 6 juillet 2013, ait donné tous les pouvoirs à la Ville de Lac-Mégantic, droit de vie ou de mort, localement, sur tout ce qui bouge. C’est une loi inhumaine, qui a causé plein d’injustices envers des personnes parmi les plus démunies de Lac-Mégantic, celles entre autres, qui ont vu leurs maisons expropriées.

Le Fonds Avenir Lac-Mégantic, autre exemple, n’aurait pas dû servir à payer les taxes foncières pour de grosses compagnies comme Métro et Jean Coutu. Je ne pense pas que ceux qui ont effectué les dons que nous avons reçus dans ce fonds seraient d’accord pour que leur argent serve de cette manière. Ça devrait plutôt aider les commerçants locaux, les Yannick Gagné du Musi-Café, les Pierre Boulet de la Berge Glacée, les Denis Bolduc, etc.

Un autre exemple d’injustice, qui me concerne directement, je suis propriétaire de l’ancienne usine Coquelicot, située près du Wal-Mart, au nord de la ville. À cause du zonage qui n’a pas d’allure, que la Ville de Lac-Mégantic maintient à cet endroit, elle m’a empêché de vendre sept fois cette usine. Au début, j’ai négocié avec Wal-Mart, puis la compagnie Dollarama était intéressée à s’installer à cet endroit avec une nouvelle construction. Le zonage prévoit les usages de fromagerie, usine d’avion, gare, parc, entreposage intérieur et machinerie agricole. Rien d’intéressant. Ils ne doivent pas aimer la fromagerie La Chaudière, car il faudrait que je lui fasse concurrence dans mon local situé juste à côté!

Je suis convaincu, aujourd’hui, qu’on perd notre vie à la gagner! J’ai connu des bouts très durs. Je suis né à St-Ludger, je suis arrivé à Lac-Mégantic à l’âge de cinq ans, avec un père malade et une mère qui faisait des ménages chez des particuliers pour gagner un peu d’argent.

On vivait pauvrement. Je me souviens, à sept ou huit ans, d’avoir souvent parcouru à pied la distance entre Lac-Mégantic et Woburn, avec une poche de jute que j’avais payé 10¢, pour ramasser les bouteilles vides que je revendais au resto pour acheter au dépanneur des pétards à mèche 10¢ le paquet, que je revendais 15¢ pour faire quelques sous. Je suis quand même content de la vie que j’ai vécue, j’ai profité de la vie comme j’ai pu!

Ici, comme c’est parti pour moi et pour d’autres, ça ne sera pas rare de tout perdre à cause de la Ville. Ils sont en train de détruire Fatima. La Ville gère les commerces, comme elle gère le Camping Baie-des-Sables et plusieurs autres choses… Ailleurs, on voit des gens qui bâtissent une ville, mais ici, c’est une Ville qui bâtit une ville. J’ai jamais vu ça.

J’ai commandé deux drapeaux que je veux installer sur ma maison de la rue Agnès, le prolongement de la rue Frontenac, un drapeau de la Russie et l’autre de la Ville de Lac-Mégantic. Celui de la Ville, je veux l’installer la tête en bas, en signe de contestation et de protestation. Peut-être que je devrais aussi commander un drapeau de l’Allemagne!

Maurice Arguin

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