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En sandwich entre le djihad et le terrorisme commandité
On me reproche de tenir des propos angéliques, moi qui ne crois pas aux anges. S’ils existaient, ceux-là, il faudra leur faire un procès pour abandon de poste ou non assistance à personne en danger. Le seul avantage avec ceux qui y croient, c’est qu’ils ne cherchent pas à nous les imposer par les armes. C’est déjà un progrès.
Citer des faits historiques comme les croisades ou l’Inquisition ne relève ni du masochisme primaire ni de la culpabilité collective, mais de la conscience aiguë que les Occidentaux que nous sommes n’ont pas de leçon à donner, surtout après avoir assisté en spectateurs au massacre rwandais. La conscience aussi que la civilisation dont nous nous réclamons est un long cheminement jamais achevé. Si nous avons fini par acquérir un certain vernis, force est de reconnaître qu’il est bien mince et soluble dans le sang.
Vous avez raison, M. Gobert: nous ne pouvons laisser-faire ou même tolérer l’insensé en regardant ailleurs. Cependant, nous serions lâches de nous contenter de sauver notre peau et d’abandonner d’innocentes victimes à leur sort. Je pensais avoir été clair, j’avais pourtant bel et bien écrit dans le poème qui précédait mon commentaire: «Devant la barbarie / Se tenir debout». J’ai même ajouté qu’ «il faut faire plus et mieux» parce que les armes seules ne résoudront jamais le problème. «Tuer une coquerelle, dix viendront à l’enterrement.» La preuve: Ben Laden a de nombreux héritiers. L’histoire nous apprend que le vaincu hait le vainqueur et que la mémoire collective se charge d’alimenter le ressentiment.
Vous-même, M. Gobert, vous vous reconnaissez une certaine responsabilité parce que vous avez écrit: « (…) il aurait été plus censé de s’opposer d’emblée de façon plus ferme à l’origine de leurs malheurs pour que ces personnes (Syriens) n’aient pas à fuir leur pays.» Où était l’O.N.U., cet ange-gardien de la planète? Où étaient tous ces pays enfin prêts à prendre les armes contre la barbarie? Décidément, le Rwanda ne nous a rien appris.
Nous le savons tous, les terroristes sont commandités. Les Américains ont soutenu les Talibans avant que ceux-ci ne se retournent contre eux. Pendant que nous vendons des armes à l’Arabie saoudite, ce pays finance secrètement les djihadistes de l’État islamique. Je vous le demande, Monsieur, à qui devons-nous déclarer la guerre? Vers qui devons-nous pointer nos armes? Ah! j’oubliais: nous avons des jobs à sauvegarder et des paradis fiscaux à protéger, dans des îles supposément vierges, pour ceux qui tirent les ficelles. À l’évidence, les paradis semblent une destination prisée et les vierges, une denrée rare.
«Allons allons pressons / Pressons sur la gâchette / Il faut bien que tout le monde vive / alors tuez-vous un peu», écrivait Prévert. Il semble que nous y mettons beaucoup d’énergie. Nous nous entretuons, nous pillons l’océan, nous polluons l’air et nous épuisons la terre comme si de rien n’était. Le pire, c’est que nous n’avons même pas l’excuse de l’ignorance.
Paul Dostie
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