«Transport Canada doit rétablir sa crédibilité» - Le député Luc Berthold

Le député fédéral Luc Berthold suit de près le dossier ferroviaire.

Depuis son élection en octobre dernier, le député fédéral Luc Berthold se rend à Lac-Mégantic environ une fois par semaine, pour rencontrer différents groupes et intervenants. L’ouverture récente de son bureau satellite, au local 212 de l’hôtel de ville, permettra désormais les entretiens avec les citoyens. Parmi ses priorités de ce côté-ci du comté, faire en sorte que Transport Canada regagne la confiance des gens en matière de sécurité ferroviaire.

Pour Luc Berthold, la circulation ferroviaire des matières dangereuses est inévitable puisqu’elle assure la rentabilité du transport sur rail. «Si le train ne passe plus ici, qu’arrive-t-il à des entreprises comme Tafisa? Vont-elles demeurer compétitives? Le transport ferroviaire est essentiel à l’économie locale mais jamais au détriment de la sécurité. Si on veut que la situation s’améliore il faut faire avancer ces deux dossiers en même temps. D’où l’importance pour les organismes qui font la réglementation en matière de transport ferroviaire, dont Transport Canada, de rétablir leur crédibilité.»

En tant que député, Luc Berthold n’a pas l’intention de s’improviser expert de la sécurité ferroviaire. «C’est aux spécialistes de Transport Canada de démontrer que le réseau est sécuritaire. Si les gens d’ici ne font pas confiance à Transport Canada, c’est le rôle de l’organisation de regagner leur confiance.»

Afin de mener à bien cette mission, le député de Mégantic-L’Érable entend bien se servir de son nouveau statut de vice-président du Comité des transports et infrastructure à la Chambre des communes. Le comité, formé de députés des partis libéral, conservateur et néodémocrate, rencontrait mercredi le ministre des Infrastructures Amarjett Sohi et son homologue aux Transports, Marc Garneau, deux jours plus tard. «Je suis très bien placé pour questionner et apporter les argumentaires des gens d’ici aux ministres. L’amélioration de la sécurité ferroviaire au pays est un dossier prioritaire; c’est dans la lettre de mandat du ministre des Transports», partageait-il le 4 mars lors d’une entrevue avec l’Écho.

M. Berthold suit également de près le dossier de voie de contournement ferroviaire. «Avant d’aller frapper à la porte d’un gouvernement pour obtenir du financement, il faut d’abord attendre le résultat de l’étude de faisabilité. À partir de là, on va pouvoir adresser les bonnes questions aux bonnes personnes. Pour l’instant, on ne connaît ni le projet ni ses coûts. Déjà on a eu vent de problèmes liés à un éventuel passage de cette voie en terre agricole… Il est important d’avoir un portrait complet. Quand ce sera fait, on pourra travailler», transmet-il, précisant que c’est la ville de Lac-Mégantic qui pilote le dossier et qu’il rencontre régulièrement le maire sur le sujet.

Pour en finir avec
«internet à pédales»

Autre priorité pour Luc Berthold, l’accès haute vitesse à la grandeur du territoire. Selon lui, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications (CRTC) a un rôle à jouer auprès des distributeurs de services. «Ces compagnies préfèrent les villes payantes. Elles n’ont pas intérêt à débourser 30 000$ dans un rang. Même chose pour le téléphone cellulaire; s’il n’y a pas de fibre optique, construire une tour ne sert à rien. Est-ce que les jeunes familles vont s’installer dans un village où il n’y a pas d’internet haute vitesse? À la limite, le CRTC devrait obliger les compagnies à implanter ce service partout. Internet à pédales, c’est dépassé!», transmet le député qui a déposé un mémoire au CRTC sur la question.

Cap sur la relance

Après les mois de deuil et de rétablissement qui ont suivi la tragédie, l’heure est maintenant à la relance, considère Luc Berthold. En même temps, il remarque que le désir de venir en aide aux Méganticois est toujours présent à Ottawa, tous partis confondus. «La tragédie ne sera jamais un plus pour Lac-Mégantic mais pour la reconstruction, il faut rebâtir sur le momentum créé. Les portes sont ouvertes en ce moment et il faut saisir cette opportunité. D’ailleurs, je vais rencontrer les gens du CN très bientôt à titre de vice-président du Comité des transports et infrastructures. Vous pensez bien que je vais en profiter pour parler du projet d’implantation d’un centre d’expertise en matière de train au centre-ville…»

Cela dit, il tient à saluer les initiatives du milieu, dont celle annoncée récemment pour combler la pénurie de main-d’œuvre, un défi déjà présent avant la tragédie. «Lorsque j’étais maire de Thetford Mines, j’ai moi-même vécu une reconstruction; les gens n’ont pas attendu que l’aide vienne de l’extérieur. Ils se sont pris en main, tout comme à Lac-Mégantic. Il y a un dynamisme ici, des idées originales qu’on ne voit pas ailleurs. Je suis très confiant.»

À la défense de Madame M

Le député de Mégantic-l’Érable suit avec beaucoup d’intérêt le dossier de Madame M., une résidante de Lac-Mégantic menacée d’extradition aux États-Unis afin d’y être jugée pour enlèvements d’enfants, enfants qu’elle a voulu protéger d’un père violent. Désormais entre les mains de la ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould, qui a le pouvoir discrétionnaire de faire renverser le jugement de la cour suprême rendu le 11 décembre dernier, la décision finale devait être rendue à la fin février. «On attend toujours une réponse et j’entends la questionner régulièrement sur le sujet. Il serait assez mal vu de retourner cette femme aux États-Unis alors qu’ils (les libéraux) viennent de redonner la citoyenneté canadienne à un terroriste à Toronto!», martèle le député conservateur faisant ici référence au cas de Zakaria Amara.