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Juste 10 secondes!
Dans le hall silencieux du palais de justice, ce matin du 4 avril, parmi les personnes sagement assises en attendant l’ouverture des portes, peu de visages familiers pour la cause censée procéder aux assises criminelles, celle de la Couronne contre Tom Harding, Richard Labrie et Jean Demaître. Ces trois employés de la MMA sont accusés de négligence criminelle ayant causé la mort des 47 victimes de la tragédie de Lac-Mégantic. Les gens ici sont plutôt venus pour le procès de Ronald Nolet et de sa conjointe Annie Bolduc. Rien à voir!
Trois jours plus tôt, les journalistes du Globe and Mail, entre autres, apprenaient que la cause était reportée et qu’il ne servait à rien de faire le voyage de Montréal à Lac-Mégantic. Tous n’ont pas reçu cette information, puisque Radio-Canada avait assigné une journaliste arrivée de Sherbrooke une heure plus tôt. Et John Steele, du journal socialiste hebdomadaire The Militant, accompagné d’un conducteur de locomotive à la retraite et de deux étudiants qui militent en faveur de la défense de Tom Harding. Ce groupe aura finalement eu l’occasion de s’entretenir la veille avec le maire de Nantes, Jacques Breton, et le lundi en avant-midi avec des porte-parole de la Coalition des citoyens et des organismes engagés pour la sécurité ferroviaire à Lac-Mégantic. Dernière rencontre à mi-chemin du retour vers Montréal, celle obtenue auprès de Tom Walsh, le procureur de Tom Harding, qui répète à qui veut l’entendre que les accusations contre son client devraient être abandonnées. Que Tom Harding est ni plus ni moins victime d’un coup monté!
The Militant s’intéresse à tous les sujets qui concernent les travailleurs, ceux en lutte pour la reconnaissance de leurs droits et ceux qui, comme dans ce cas-ci, servent de bouc émissaire pour masquer l’incompétence ou la faute des autres. John Steele a écrit le 26 mars dernier: «De nouvelles révélations montrent la responsabilité des patrons et du gouvernement dans la catastrophe ferroviaire au Québec». Citant un article du journaliste du Globe, Grant Robertson, John Steele tourne les projecteurs sur la complicité du ministère canadien des Transports dans les événements qui ont conduit à cette longue nuit de Lac-Mégantic. L’explosion tragique aurait pu être évitée par une simple procédure de sécurité d’une durée de 10 secondes que Transports Canada n’a pas exigée de la société ferroviaire, qui réduisait ses dépenses. Oui, 10 secondes! Pas une de plus!
Toujours selon le Globe, «les patrons de la compagnie ferroviaire ont ordonné à leurs conducteurs de train –à l’équipage d’une seule personne sur leurs trains de pétrole en vertu d’une dérogation spéciale approuvée par l’agence gouvernementale- de ne pas utiliser le système de freinage automatique.
Au cours des jours suivants, l’article de Grant Robertson a été suivi d’une série d’articles détaillant «comment les patrons de la Montreal, Maine & Atlantic ont sacrifié la sécurité afin d’augmenter leurs profits, alors que le gouvernement fermait les yeux.»
Plus le temps passe et plus la défense de Tom Harding apparaît solide. Plus le temps passe et plus la thèse de l’accusation apparaît à la fois fragile et mystérieuse. «C’est difficile de comprendre pourquoi les propriétaires de la MMA ou l’ancien ministre des Transports n’ont pas été accusés, au lieu des trois personnes qui ont été accusées», a expliqué André Blais au journaliste du Militant. Ce militant local ne manque pas une occasion de creuser de plus en plus profondément dans ce dossier qui a affecté l’ensemble de sa communauté. Comme d’autres avec lui, il ne lâche pas le morceau! Il ne gobe surtout pas le discours officiel peaufiné par les scribes d’Ottawa. Pour ces défenseurs de Tom Harding, le scénario s’écrit ainsi: «Après avoir stationné le train de pétrole brut de 72 wagons à 11 kilomètres de Lac-Mégantic, Thomas Harding est allé se coucher après 12 heures de travail. Comme il l’avait fait à maintes reprises, il a serré les freins à air du moteur principal et un certain nombre de freins à main sur les wagons-citernes. Les pompiers qui ont répondu à un petit feu dans la locomotive, résultat de l’entretien inadéquat par l’entreprise, ont arrêté le moteur. Cette action, approuvée par un agent de l’entreprise sur place, a provoqué la dépressurisation des freins à air. Le train a roulé sur les pente…» Je vous épargne le reste.
En quoi ces révélations sont-elles nouvelles? «La décision des patrons de la Montreal Maine & Atlantic d’ordonner aux conducteurs de train de ne pas utiliser le système «automatique» de secours, une décision non contestée par les responsables de Transports Canada, visait à économiser du temps et de l’argent. Il faudrait de 15 minutes à une heure de plus pour pressuriser à nouveau le système de freinage et redémarrer le train le lendemain.»
Transports Canada a retenu la leçon. L’organisme a maintenant mis en place une nouvelle réglementation demandant l’utilisation du système de freinage automatique de secours.
Le journaliste du Globe and Mail est catégorique: «La MMA avait la réputation d’être l’une des entreprises les plus agressives de l’industrie ferroviaire en matière de réduction de coûts et avait reçu des dérogations inhabituelles de Transports Canada, tel que le droit de fonctionner avec un équipage d’un seul homme, ce qui lui avait permis d’économiser de l’argent en frais de personnel.»
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