À 103 ans, «la vie est encore belle!»

Le bonheur tranquille de Gabrielle.

À son centième anniversaire, Gabrielle Godin-Poulin a mis le compteur à zéro. Samedi dernier, pour la grande fête familiale dans la salle communautaire du Village Harmonie, elle célébrait donc ses… 3 ans! Encore beaucoup d’humour pour cette doyenne qui trouve encore que la vie est belle! «D’abord que j’ai une bonne santé. Je ne suis pas malade et je ne veux pas l’être non plus!»

En 2013, elle venait d’avoir 100 ans quand ses enfants ont jugé qu’il valait mieux pour elle de quitter sa maison à Lac-Drolet, où elle vivait seule, pour un appartement au Village Harmonie. Elle a eu tout le temps de se familiariser à son nouveau milieu de vie. «Je trouve que je fais une belle vie. Je suis bien ici. J’aime mon petit logement. J’ai beaucoup de visites, beaucoup d’amis. Je ne m’ennuie pas!»

Deux jours avant son party de fête, elle s’est mise belle pour l’entrevue du journal. «J’fais dur! Mes cheveux, c’est correct?», lance-t-elle avant la prise de photo. Coquetterie sans doute, mais bien inutile pour une femme exceptionnelle, au bonheur tranquille. «Samedi, ils vont tous être là, même les petits neveux et les petites nièces!»

Gabrielle est étonnante! Capable de provoquer un fou rire en racontant comment elle a convaincu J. Albert de fermer boutique après 13 enfants. «Mais n’écrivez pas ça!», dit-elle en riant.

Les nouveaux propriétaires de «sa» maison de Lac-Drolet où elle a vécu depuis 1935 jusqu’à son départ pour Lac-Mégantic lui ont dit qu’ils viendraient la chercher bientôt pour la ramener visiter son ancienne vie. Elle a hâte! En attendant, tout ce qui lui rappelle son passé est ça et là, autour d’elle, dans sa chambre. «C’est ça mon coin, toutes mes affaires à moi!» Comme cet objet sur sa table, «le père et la mère dans la tasse, les enfants tout autour.»

Si elle ne se sent pas très à l’aise à l’idée d’être le centre d’attraction le jour de sa fête, «c’est pas une obligation, après tout», dit-elle, elle compense par l’enthousiasme de revoir tout son monde. «Ceux qui sont proches, je les vois presqu’à tous les jours; ceux qui sont loin me téléphonent!» Son aînée, Martha, a 88 ans. Son petit dernier, Carol, 62 ans!

Qu’est-ce qu’elle fait de ses journées, maintenant qu’elle n’a plus toutes ces mille choses dont elle s’occupait dans sa communauté d’avant. «Dans le temps, j’étais pas mal boss ! J’ai travaillé beaucoup, surtout dans l’âge d’or. Ils doivent dire : Gaby n’est plus là! Je suis contente de ce que j’ai fait!»
Son livre de mots cachés et son attirail de tricot à portée de main, elle passe ses journées à s’activer. «Je vois passer beaucoup de monde (de sa fenêtre) ; je lis, je tricote. Je fais des coussins. Je m’amuse dans mon tricotage. J’ai pas à me plaindre de ma vie.» Elle se trouve gâtée, en plus «Le matin, ils m’apportent le déjeuner. Le midi et le soir, quand c’est l’heure des repas, ils viennent me chercher. Je vais à la salle à manger avec les autres.»

Dans ce petit village harmonieux où vivent quelque 200 personnes, la vie coule. «C’est ça la vie, monsieur!»