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Que réclamez-vous ? Si peu…
Le dimanche 10 juillet, pour la première fois depuis trois ans, je me suis rendue à Lac-Mégantic, répondant à l’appel de la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire. Cette coalition avait désiré un rassemblement citoyen grâce auquel sa demande, si légitime, d’une voie de contournement pour permettre aux résidants à la fois de mieux dormir et de vraiment passer à autre chose serait peut-être enfin entendue. Trois ans que cela dure… Trois ans!
J’y suis allée parce que je voulais signifier aux citoyens de Lac-Mégantic qu’ailleurs au pays on se soucie d’eux ; qu’ils ne sont pas seuls et que nous partageons à la fois leur douleur et leurs inquiétudes. Avant d’arriver sur les lieux, tout ce que je viens d’écrire était une vue de l’esprit, des mots, pas une réalité !
Mais dès les premiers instants, dans le stationnement du centre sportif, que le conseil de ville avait refusé d’ouvrir (puisqu’il s’opposait à ce rassemblement), tout a bousculé en moi. Fini les mots vides. La réalité m’a saisie tout entière.
Ce fut une première femme, une Méganticoise qui, en apprenant que notre groupe venait de Rimouski et de Gaspé, a éclaté en sanglots, murmurant à répétition : «Vous êtes bin fins…» La première, mais non la dernière à réagir ainsi à notre présence. Ce fut cet homme âgé serrant dans ses bras une pauvre licorne rose, le visage fermé, le regard absent, qui a déclaré tout à coup que l’on avait tout tué en lui, jusqu’à sa volonté, cette nuit terrible du 6 juillet et tous les jours depuis, hanté par le chant lancinant des trains chargés de matières dangereuses.
Ou ces personnes âgées accotées contre le mur du bâtiment fermé pour ne pas tomber et venues malgré la pluie, malgré la désapprobation municipale. Ces sourires si braves, malgré les visages graves et las. Ces regards dans lesquels se lisait toute la détresse du monde.
Chers Méganticois, que réclamez-vous ? Si peu ! Il en coûterait 115 millions, peut-être un peu plus, pour construire cette voie de contournement. La pente entre Nantes et Lac-Mégantic n’a pas changé depuis la nuit de la tragédie.
Pendant ce temps, le nombre de trains fous a augmenté au pays et le transport de matières dangereuses est en hausse, si bien que la sécurité des Méganticois est toujours menacée.
Sur les grillages qui ceinturent les travaux, on peut voir une pancarte sur laquelle il est écrit, en grosses lettres : Fiers de bâtir notre centre-ville ensemble ! Quelle ignominie ! Ce centre-ville a été détruit par une explosion terrifiante. On ne bâtit pas, on Rebâtit ce qui a été détruit!
Le passé existe. La mémoire des hommes, des femmes et des enfants touchés par le malheur ne s’efface pas aussi vite que celle des ordinateurs. Ils ne sont pas fiers, les Méganticois, ils sont courageux, très courageux de vouloir redonner vie à cette ville quand ce qui a causé la mort et la destruction est toujours et encore là.
Voilà ce que proclame l’article 3 de la Déclaration universelle des droits de la personne et que l’on retrouve dans l’article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés : «Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.»
Le droit à la «sûreté de sa personne» est-il respecté à Lac-Mégantic ? Si le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, n’est pas capable de respecter l’engagement qu’il a pris en 2013, en signant la pétition qui demandait une voie de contournement, puis réitéré en campagne électorale, son gouvernement ne se doit-il pas de respecter les articles de sa Charte?
Patricia Posadas
Citoyenne et membre de Prospérité sans pétrole
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