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La pauvreté dans toute sa sensibilité

David Bélanger a réalisé les dix vidéos de la TACAE.
Les préjugés font partie des plus grands obstacles à la lutte à la pauvreté. En réalisant ses vidéos, David Bélanger visait justement à démystifier cette réalité. La présentation publique du segment tourné sur le territoire granitois avait lieu mardi soir. Tourné avec une grande sensibilité, ce film d’une vingtaine de minutes lève le voile sur un monde méconnu du grand public, lançant un appel clair à une profonde transformation sociale.
Cette initiative de la Table d’action contre l’appauvrissement de l’Estrie (TACAE), soutenue par le comité local de lutte à la pauvreté, se veut d’abord un outil de sensibilisation. La formule vidéo a été choisie afin d’être accessible à un plus grand nombre. Il est d’ailleurs possible de visionner les vidéos ayant déjà fait l’objet d’une présentation publique via le site tacaestrie.org. Un manuel et un guide d’animation sont par ailleurs à la disposition des organismes communautaires et du milieu scolaire.
Pour déconstruire les préjugés, il faut d’abord en prendre conscience. Qu’éprouve-t-on à l’idée de se lier d’amitié avec une personne assistée sociale? Sans même connaître ses désirs et aspirations, ses traits de personnalité, son histoire de vie, plusieurs répugneront à vouloir la connaître… justement à cause des préjugés.
Démarré avant la tragédie, le projet de la TACAE s’est transporté à Lac-Mégantic à l’automne 2015, le temps de faire retomber la poussière, explique David Bélanger. «Dans chaque MRC, la réalité est différente. Ici, il y a une grande prise en charge du milieu. La marche des femmes, le fonctionnement de la Banque alimentaire et de la Ressourcerie comportent des particularités. Je n’ai vu ça nulle part ailleurs en Estrie.»
Une grande sensibilité se dégage de la vidéo en raison du lien de confiance qu’a établi M. Bélanger avec les personnes ayant accepté de livrer leur témoignage. «On s’est d’abord rencontré, on a dîné ensemble, échangé. Les entrevues n’ont pas été réalisées en 10 minutes; on a pris le temps d’aller en profondeur. Lorsqu’on donne la parole aux gens, il est important de prendre ce temps», transmet le réalisateur.
La vidéo présentée le 25 octobre à l’OTJ de Lac-Mégantic réunit des intervenants du milieu communautaire granitois et des personnes vivant en situation de pauvreté. En plus de leur exclusion sociale, ces dernières doivent combattre leurs propres préjugés. «J’ai moi-même tendance à considérer les assistés sociaux comme paresseux, donc que je suis paresseuse... C’est bizarre, je sais… Pourtant ce n’est pas le cas; je fais plein de bénévolat, en position assise en raison de mes problèmes de dos», communique Véronique au terme d’un visionnement destiné aux médias locaux.
Denise a pris une part active au sein du Comité «tannés d’être pauvres», qui a déposé une pétition à l’Assemblée nationale afin d’avoir la possibilité de déclarer un revenu supérieur à 100$ par mois sans se faire couper l’aide sociale. Cette implication et sa participation au tournage ont eu des effets bénéfiques sur son estime personnelle. «Avant, j’avais honte d’être sur l’aide sociale. Maintenant je suis capable de me tenir debout et d’affronter les préjugés. Je suis une personne comme une autre, capable de faire du bénévolat et d’avancer dans la vie», exprime-t-elle. «Ces gens se sont mis ensemble, se sont concertés, ont fait la pétition, cogné aux portes et rencontrer des gens pour la faire signer. Ce qu’ils ont fait est extraordinaire. Il est important de faire connaître cette action-là», ajoute David Bélanger, qui tenait à donner une place au sujet dans la vidéo.
«Il y a des choses qui doivent changer. Les préjugés sont vraiment un obstacle à la lutte à la pauvreté. On le voit avec le projet de loi 70; les jeunes qui n’accepteront pas un programme d’employabilité verront leur chèque d’aide sociale coupé. Il y a un préjugé en arrière de ça, la croyance qu’un jeune qui fait une demande d’aide sociale veut rester là-dessus toute sa vie. Le jeune qui fera une demande d’aide sociale dans trois ans est présentement à l’école. Souvent ce jeune a faim, a des besoins au niveau pédagogique. Mais on coupe dans les programmes de soutien. Le gouvernement a un examen de conscience à faire. Collectivement, on a un examen de conscience à faire. Tout ça doit se traduire par des actes politiques», termine M. Bélanger.
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