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Médecine du tambour
Une nuit, alors que le tonnerre et les éclairs se manifestaient dans le ciel méganticois, je décidai de sortir, tambour à la main, pour aller réaliser un songe qui macérait dans sa saumure depuis trop longtemps.
Depuis la tragédie ferroviaire, je rêvais d'aller battre mon tambour sur l'emplacement de l'explosion, et de descendre, comme la lave noire l'a fait, jusqu'en bordure du lac. Ma vision était claire, je voulais aller toucher la détresse et la colère collectives qui s'y étaient empêtrées, pour y faire naître le pardon.
Je ne sais pas si ce sont les Sioux du Dakota qui m'ont inspirée, mais je suis partie dans un élan de guerrière, et bien que la pluie se soit mise à déferler intensément dans les rues désertes et fraîchement pavées de notre ancien centre-ville, mon pas ne fit qu'augmenter en ferveur et en détermination.
Enfin, je pouvais faire résonner mon tambour dans cette zone honteuse, abandonnée à elle-même et restée close si longtemps. La connexion n’a pas été facile à maintenir dans la joie… mettons qu’il y a encore beaucoup de lourdeur qui habite l’endroit. Mais un réel relâchement a pris place dans mon cœur, et je sais que la terre et les arbres l’ont reçu.
Le pardon n’est pas encore envisageable pour plusieurs citoyens d’ici. Pourtant, comment pourrions-nous faire autrement, alors que nous avons tous contribué à ce drame? Hommes blancs que nous sommes, avec nos notions de profit et de consommation à outrance, oui mes amis, vous et moi, avons contribué indirectement à faire engouffrer ce train et tout ce qu’il représente.
Qu’y aurait-il de plus valable alors que de se pardonner, à nous, humanité inconsciente? En s'octroyant ce pardon, peut-être un jour aurions-nous assez de clarté pour regarder en face les réels impacts de ces serpents de fer que l’on tente maintenant d’enfouir à tous prix dans les entrailles de la Terre.
En connexion avec tous les peuples devenus protecteurs du sacré, je prie au son de mon tambour pour qu’enfin l’on cesse de nourrir ces vipères, et qu’à petit feu, ils finissent par s'éteindre avant qu’ils ne nous aient tous empoisonnés.
Marilaine Savard
Lac-Mégantic
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