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Mme M toujours dans l'attente
Mme M a choisi de relater son histoire à l’Écho. C’est la première fois qu’elle s’adressait directement à un média.
Il y aura bientôt un an que Mme M se retrouvait devant la Cour d’appel fédérale pour contester l’extradition aux États-Unis qui la mènerait vraisemblablement à plusieurs années d’emprisonnement. Depuis sa comparution, le 11 décembre 2017, aucune nouvelle. Rencontrée par l’Écho à la veille de la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes qui sera soulignée le 6 décembre, elle a tenu à rappeler son histoire, une saga judiciaire qui dure depuis huit ans parce qu’elle a voulu protéger ses enfants.
Exaspérée par cette attente? Certes. Mais c’est avant tout une grande force qui se dégage de cette femme, dont la proximité obligée avec le milieu légal fait en sorte qu’elle en connaît long sur le sujet. «Depuis les tous débuts du processus je pose beaucoup de questions. C’est pour ça que je suis bien renseignée.»
Aussi renseignée soit-elle, Mme M n’en peut plus des délais, de cette menace d’extradition qui plane sur elle comme une véritable épée de Damoclès. D’être ni plus ni moins traitée en criminelle. «Je suis tellement tannée… Depuis le début de cette affaire, j’ai dû aller en prison sept fois. Dès que je suis informée de la date d’un jugement, je dois m’y rendre dans les 24 heures. Ce sera donc la 8e fois que j’irai en prison lorsque la décision de la Cour d’appel sera rendue. Comme j’ai la responsabilité de ma mère, je dois lui trouver rapidement un lieu de résidence temporaire.»
Mme M explique que cette obligation d’emprisonnement est une exigence des États-Unis. «Si je suis désignée coupable ça leur faciliterait la tâche»… Mme M. doit par ailleurs demeurer chez elle 19,5 heures sur 24, à l’exception des mardis et jeudis, où elle peut quitter son domicile de Lac-Mégantic entre 8h30 et 20h. Ce qui lui permet de rendre visite à ses enfants, qui demeurent à l’extérieur de la ville.
En 2010, ses enfants étaient respectivement âgés de 9, 11 et 14 ans lorsqu’ils l’ont contactée de la Géorgie pour qu’elle leur vienne en aide. Ces derniers avaient fui leur demeure depuis une semaine pour échapper aux mains d’un père violent. En les ramenant au Canada, Mme M contrevenait alors à la loi de cet état américain, en violant une ordonnance de garde accordée à son ex-conjoint. En Géorgie, le fait qu’elle ait voulu protéger ses enfants ne constitue pas un motif défendable aux yeux de la loi.
Cette absence de défense pourrait lui faire écoper jusqu’à 15 ans de prison, en vertu des lois de la Géorgie, si on l’extrade aux États-Unis pour qu’elle y subisse un procès. Elle insiste sur le fait que ses enfants ont été victimes de violence et que les amener ici leur a justement permis d’échapper à cette violence. «Depuis qu’ils sont arrivés au Québec, mes enfants ont fait preuve d’une grande résilience. Ils réussissent bien et je suis très fière d’eux», mentionne Mme M. Elle ajoute qu’elle a été bien entourée dès son arrivée ici. «Je tiens à exprimer toute ma gratitude à l’endroit de la communauté pour le soutien apporté, à moi ainsi qu’aux membres de ma famille. C’est un apport très précieux.»
Depuis son arrestation le 23 décembre 2010, cette citoyenne canadienne vit une véritable saga judiciaire. Si un jugement de la Cour supérieure confirme en 2011 que Mme M a bel et bien agi pour le bien de ses enfants, les États-Unis sont revenus à la charge, faisant en sorte qu’elle perde son procès en Cour d’appel. En décembre 2015, un vote majoritaire de quatre juges contre trois en faveur de son extradition est prononcé en Cour Suprême. Une extradition maintenue par la ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould, dans une décision rendue en août 2016 après un examen du dossier. Et depuis le 11 décembre dernier, Mme M attend le verdict de la révision judiciaire de la Cour d’appel.
L’histoire de Mme M a quelque chose de surréaliste. Reste que la principale intéressée est bien ancrée dans la réalité. «Un jugement rendu en ma faveur ferait jurisprudence. Ça aiderait tellement la cause de plusieurs femmes et enfants dans la même situation! Il faut que ça change!», partage celle qui évoque la possibilité de retourner en Cour suprême advenant une décision défavorable. «Je vais continuer à me battre; je ne lâcherai pas. Ils ne peuvent pas me dire de m’en aller comme ça après huit ans!»
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