Oscar Brochu

Prendre soin des aînés en temps de confinement

Prendre soin des aînés  en temps de confinement - Claudia Collard : Actualités Santé Coronavirus (COVID-19)

Dr Christian Campagna, médecin gériatre, termine sa résidence au CHUS.

Si la crise actuelle a un impact certain sur l’anxiété des gens, c’est encore plus vrai du côté des aînés, qui vivent encore plus confinés que la majorité. Pour le Dr Christian Campagna, qui œuvre auprès de cette clientèle au CHU de Sherbrooke, il importe de s’attarder dès maintenant à préserver les capacités physiques et cognitives des personnes concernées. Une mission pour tout le personnel soignant mais aussi pour les proches. «Ça prend l’appui de tout un réseau social mais ça vaut le coût investi en temps.»

Président de la Fédération des médecins résidents du Québec, le Dr Campagne, qui a choisi de se spécialiser en gériatrie, termine actuellement sa résidence au CHUS. Selon lui, s’il importe avant tout de soigner les patients atteints par la COVID-19, le soutien auprès de l’ensemble des personnes aînées est essentiel. «Le fait qu’ils ne puissent plus voir leur famille et que ce soit arrivé tout d’un coup, c’est certain que ça crée une anxiété. Ces personnes ont besoin de se sentir rassurées et d’être soutenues là-dedans. On ne peut pas juste mettre un bouton pause, durant trois, quatre mois ou même plus, et se retrouver avec des gens complètement déconditionnés, qui ont perdu le goût à la vie.»

Si on ne pourra évaluer avant quelques mois le traumatisme engendré par la situation actuelle, le médecin gériatre signale qu’il est déjà possible de prévoir la détresse psychologique découlant de l’isolement. «Ce sera surtout les pertes d’autonomie physique qu’on va remarquer, lesquelles vont entrainer des pertes d’autonomie cognitives à plus ou moins long terme.»

Le Dr Campagna souligne qu’en gériatrie, il est déjà fréquent de rencontrer des patients déconditionnés en cette période de l’année. «Pour des raisons manifestes, ils ne sont pas sortis de leur domicile de tout l’hiver pour prendre de l’air. C’est là qu’on s’aperçoit de la perte d’autonomie.» En tant que médecin gériatre, il ne peut s’empêcher de penser aux conséquences possibles du confinement qui se poursuit ce printemps en raison de la pandémie; diminution des capacités, chutes, difficulté à assurer ses soins de base… «Parce qu’ils ont diminué leur niveau d’activité, se sont peut-être alimentés de façon moins optimale, ils auront besoin de plus de services.»

Le Dr Campagna communique que des projets pilotes émergent un peu partout afin que de favoriser le plus tôt possible cette reprise d’autonomie chez les aînés. «Du côté de Sherbrooke, le service de gériatrie est en train de travailler pour que les patients qui sortent des unités COVID soient le plus rapidement possible pris en charge. On leur fait faire des exercices afin qu’ils récupèrent ce qu’ils ont perdu, pas juste à cause de la COVID mais aussi en raison d’une baisse de motivation et de force physique.»

Que conseillerait-il aux proches d’une personne aînée, qui vit, non pas avec la maladie, mais avec les consignes d’isolement forcé? «Quand les gens sont encore à domicile, on peut les inciter à sortir dehors et, par exemple, ramasser les feuilles mortes de l’an dernier. Pour les plus actifs, c’est essentiel de faire de petites tâches à l’extérieur, ne serait-ce que pour prendre un peu d’air frais et se changer les idées.»

Pour les gens qui sont en résidence, la dépense d’énergie est tout aussi importante. «C’est plus difficile parce que plusieurs ne peuvent plus aller à la cuisine et doivent manger dans leur chambre ou appartement. Ça peut être un mini-entraînement chaque jour, selon la capacité de chacun. Je pense que chaque milieu va développer sa propre stratégie.» 

L’important, dit-il, c’est de revenir au niveau de condition physique que la personne avait avant la crise. Des efforts qui, du même coup, contribuent à diminuer l’anxiété. «Tout est relié. C’est le cas à chaque phase de la vie mais chez les aînés l’équilibre est plus précaire. On ne peut se permettre de perdre une des composantes, car cela a un impact sur toutes les autres. Vous connaissez vos proches? Vous savez de quoi ils avaient l’air avant mars 2020? Essayez de les amener à préserver ce niveau. Faites preuve d’imagination! À partir de là, toutes les idées sont bonnes. Si j’avais un seul conseil à donner ce serait celui là.»

Pour retrouver le contrôle

Plusieurs facteurs liés à la situation actuelle sont sources d’anxiété chez les personnes aînées. «On porte une l’attention particulière sur eux, ils voient que le taux de mortalité lié à la COVID est plus élevé chez les 70 ans et plus, on leur dit de rester chez eux, ils doivent demander à d’autres de faire leur épicerie… Tout ça crée un sentiment de perte de contrôle. Et moins on a le contrôle sur une situation, plus le niveau d’anxiété a tendance à augmenter. L’idée est de retrouver un sentiment de contrôle à travers les restrictions, qui sont là pour une bonne raison.»

Parmi les solutions envisagées, le Dr Christian Campagna suggère aux familles de confier certaines responsabilités à leur proche aîné. Comme transmettre leur savoir ou raconter une histoire à leurs petits-enfants au moyen de contacts virtuels. «Je pense qu’on n’aura jamais tant utilisé des plateformes comme Zoom et Facetime. Beaucoup de petits-enfants ont montré à leurs grands-parents comment utiliser ces outils technologiques. On voit que la capacité d’adaptation est là, même si parfois ça prend un peu plus de temps. Il y a une volonté des personnes âgées à se rapprocher de leur famille avec des méthodes non-traditionnelles, auxquelles elles ne sont pas habituées. Et ça permet de briser l’isolement malgré le confinement.» 



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