Il y a eu près de 1500 oppositions aux avis d’intention d’expropriation pour la voie de contournement ferroviaire proposée. Ceci représente environ 25% de la population adulte dans la région. Comme observé lors du référendum de Frontenac et avec les trois sondages scientifiques, la vaste majorité de la population s’oppose au projet. Transports Canada, un des responsables de la tragédie de 2013 tel que cité dans le rapport du BST, s’apprête à recréer une autre catastrophe à Mégantic avec son projet de voie de contournement, avec l’appui des élus de Mégantic. Malheureusement, et encore une fois, on devra affirmer : «ceci n’est pas un accident».
En effet, les évidences sont étalées devant nous tous. Le gouvernement Trudeau ignore la science, qui indique que le tracé n’est pas acceptable et que d’autres études sont nécessaires, néglige l’évaluation d’alternatives, ignore la non-acceptabilité sociale du projet (projet censé servir à la reconstruction sociale), banalise les risques et les dangers pour la population, ferme les yeux sur une destruction environnementale disproportionnée, fait abstraction des lois du Québec sur la conservation des milieux humides et hydriques et abuse de son pouvoir en envoyant des avis d’intention d’expropriation quand le dossier complet n’a même pas été remis à l’Office des transports du Canada.
Bref, monsieur Trudeau va de l’avant en pleine connaissance de cause de ce qu’il fera vivre aux citoyens de Nantes, Frontenac et Mégantic. Non, «ceci n’est pas un accident.»
Le tracé est inférieur à la voie actuelle en terme de sécurité. De plus, un déraillement impliquant des matières toxiques et volatiles sur la nouvelle voie (où les trains circuleront quatre fois plus vite que présentement et sur des sous-ballasts instables construits dans les milieux humides) affecterait les citoyens situés à plusieurs kilomètres.
Quant au rapport d’hydrologie d’Englobe, il confirme le risque de contamination de l’eau potable et la baisse du niveau d’eau (avec des puits résidentiels qui seront à sec), sans mesures définies pour prévenir la contamination de l’eau. Le rapport indique des rayons d’influence de 1,2 km, ce qui veut dire que des centaines (voir milliers) de citoyens risquent d’avoir des problèmes d’eau, et non seulement ceux situés près de la voie. Le rapport illustre que l’excavation profonde se fera «dans» ou «sous» la nappe phréatique créant des rabattements de 23 m par endroit et des tassements de sol autour de l’usine Tafisa et le long des tranchées sans donner plus de précisions. Englobe estime qu’il y aura une «évacuation» de 5,5 millions de litres d’eau par 100 m par jour au niveau de l’intersection des routes 204 et 161.
On s’apprête à détruire en un seul coup environ un quart de tous les milieux humides qui ont été détruits dans la province entière depuis 2017, et on devra déplacer un cours d’eau (qui se déverse dans le lac Mégantic) sur une longueur de 1 km dans le secteur Frontenac, ce qui est interdit par la loi québécoise sur la conservation des milieux humides et hydriques. Faut-il rappeler en 2023 l’importance écologique et économique des milieux humides et hydriques?
Faut-il rappeler l’enfer des citoyens de Wakefield qui doivent encore boire l’eau en bouteille plus de 10 ans après la construction de l’autoroute 5 par le ministère des Transports du Québec, suite à la contamination de l’eau potable avec du perchlorate (dynamitage)? Faut-il rappeler que c’est le Canadien Pacifique (CP) qui devra s’assurer de mettre en place les centaines de mesures d’atténuation déjà énoncées dans le projet, afin d’assurer la sécurité des citoyens? Le CP qui s’autorégule et fait ses propres enquêtes sur ses déraillements.
Voilà ce que l’on connaît, car il y a une multitude de données géotechniques accumulées qui ne sont pas partagées par Transports Canada malgré les demandes répétées. Est-ce que ce manque de transparence vous inspire confiance pour la suite?
Telle la chaise vide dans le documentaire de Philippe Falardeau nous le rappelle, aucune enquête publique n’a été tenue à la suite de la tragédie de 2013, empêchant de faire toute la lumière sur la vérité. Le souvenir des 47 victimes (incluant des proches des signataires de cette lettre) et des 47 décès tragiques, prévisibles et évitables doivent nous appeler à la vigilance. Qu’on soit pour ou contre le projet, nous sommes tous d’accord qu’on ne veut pas un autre Mégantic à Mégantic ou ailleurs.
Malheureusement, compte tenu des données disponibles, et en toute connaissance de cause, c’est exactement ce que le gouvernement Trudeauet les élus de Mégantic s’apprêtent à faire. On ne peut pas réparer une catastrophe par une autre catastrophe humaine et écologique.
Yolande Boulanger, Réjean Roy, Linda Proteau, Sylvain Côté, Kurt Lucas, Daniel Isabel, Marie-Pier Gagné, Israel Orichefqui, Josée Morin, Diane Laplante Robert, Chantal Roy, Léonard Mason, Diane Beaulé, Gilles Beaulé, Maude Lambert, Donald Stewart, Renaud Martineau, Luc Bouffard, Jeannette Roy, Magella Roy, Marcel Lessard, Réjeanne Lessard, Michel Charrette, Claude Béliveau, Viola Lefebvre, André Lefebvre, Suzanne Morin, Richard Boulanger, David Quirion, Rita Boulanger, Raymond Savoie, Jacques Boulet, Nelson Vallée, Yolande Vallée, Roger Venne, Lise Grenier, Robert Vallée.
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