À la recherche d’une terre, ils ont trouvé une communauté

À la recherche d’une terre, ils ont trouvé une communauté - Rémi Tremblay : Actualités Communauté

Gabrielle Caron et Alexandre Normandeau (Photo Rémi Tremblay)

L’histoire débute en septembre 2017. Touchés direct au cœur par le moment magique du «golden hour», cette heure où la luminosité est la plus belle en fin de journée, révélant à mi-chemin, tout le relief de la montagne qui domine le paysage champêtre, Alexandre Normandeau et Gabrielle Caron marchaient la terre qu’ils venaient visiter à Val-Racine, en route vers un oncle de Gabrielle vivant en Gaspésie. Un «léger» détour guidé par une annonce de «terre à vendre» affichée dans la région de Lac-Mégantic. La magie a tout de suite opéré et le couple n’a pas hésité plus longtemps. Arrivés à destination, l’offre qu’ils avaient faite en chemin au courtier pour les 213 acres de forêt et de prairies, les bâtiments et la maison en décrépitude, avait été acceptée. Et sept ans plus tard, bienvenue à L’Assemblée générale, Ferme agroforestière.


La ferme est incorporée sous un drôle de nom, mais à quoi d’autre peut-on s’attendre de la part de deux avocats citadins, versés elle dans le droit des affaires et lui avec son diplôme de planification financière en poche. Bref, ils cherchaient une terre, ils ont trouvé une communauté. L’émission culte «Les Arpents verts» en version 2.0, ils en rigolent.

Le couple de Saint-Jean-sur-Richelieu fait désormais partie de la vie de ce petit village d’à peine 183 habitants. «On aimait nos emplois et tout ça, mais on avait besoin de cette connexion-là», raconte le couple tout en marchant à travers les prairies, chacune d’elles ayant sa propre vocation, accompagné de l’employée en devenir, Gnocchi la belle romagnole âgée de six mois et déjà en formation d’apprentissage.
 
Oubliez la vieille maison, elle est aujourd’hui rénovée. «En arrivant, on s’est dit: c’est pas grave. Nous, ce qui nous intéresse c’est la terre!» Et pour cause, lors de leur première visite, une famille de dindons sauvages les a accueillis, en plus d’une dizaine de chevreuils qui observaient les étrangers à l’orée du bois. Et plein de rouleaux de foins dans la prairie, entretenue par un voisin. «Honnêtement, s’il avait plu cette journée-là et si on n’avait pas vu la montagne…»

«Et là, on s’est mis à réfléchir: qu’est-ce qu’on fait avec ça et comment on la met en valeur? On s’est dit : si on veut arriver à matérialiser notre vision, le seul moyen d’y arriver, en fait, c’est de commencer à chaque année à faire quelque chose de nouveau sur la ferme.» La parole, c’est surtout elle, les chiffres c’est surtout lui.

En priorité sur la liste, mettre la maison à niveau pour y habiter. «La deuxième année, on a eu les ruches. On a appris à gérer des abeilles, c’est quand même un apprentissage en soi. Après, on a commencé à faire de l’ail pour aller chercher notre numéro d’identification nécessaire pour devenir officiellement des «agriculteurs».

Et tranquillement, la production d’ail a plus que doublé, passant de 5 000 à 12 000 bulbes. De sorte qu’en 2020, quand la pandémie de COVID-19 a frappé, le couple a trouvé que l’endroit était idéal pour s’y réfugier et pourquoi pas, s’y installer à demeure, à temps plein. Gabrielle raconte : «C’est là aussi qu’on s’est mis à tester un peu plus la terre. On a eu des poules, des poulets de chair, des agneaux, des cochons. On avait aussi des chevaux; ç’a confirmé qu’on aimait ça. La terre, on l’avait déjà, c’était plus juste du temps qu’il fallait mettre.» Et l’apprentissage, d’ajouter Alex. Ils en sont vite arrivés au constat : «Si on voulait faire arriver la vision de ferme diversifiée sur notre terre, on n’allait pas être capables d’y arriver tout seuls!»
 
C’est là qu’arrive le projet de 4 000 entailles. «On veut développer le côté acéricole avec un ami acériculteur. C’est lui qui va «leader» la «business» acéricole, dit Alex, le planificateur. Juste pour la récolte de l’eau d’érable. On fait bouillir à forfait. L’idée c’est de commencer petit, voir si ça marche et ensuite…»
La vie de famille, elle? Les deux enfants, âgés de 3 ans et d’à peine 1 an, font la sieste à la garderie, cet après-midi-là. La garderie de Val-Racine est aussi la raison qui a poussé le couple à y vivre. Leurs petits trésors grandissant dans un plus grand trésor, la nature qui enveloppe le pied de la montagne, magique en quelque sorte.
Au cercle social qu’ils avaient avant Val-Racine, les parents, les amis, se sont ajoutés les voisins, les parents dont les enfants fréquentent la garderie, au centre communautaire du village. «On a découvert une communauté en étant ici à temps plein. On voulait vraiment en faire partie et on ne regrette vraiment pas notre choix depuis!» Dans la vie quotidienne de banlieue, à peine un échange de «bonjour» dans le quartier. Ici, «il y a de l’entraide, On fait du troc. La voisine est toujours chez nous en train de nous déposer un quelconque légume qu’elle a fini par faire pousser.» En échange, le couple de L’Assemblée générale donne de la fleur d’ail, de l’ail et du miel. «Il y a un échange qu’on n’avait jamais vécu durant toutes ces années à Saint-Jean.» Là-bas, une ville de 100 000 habitants, ici un village de moins de 200 «bonnes» âmes.

Projet de truffière

Depuis 2021, L’Assemblée générale, Ferme agroforestière est en discussion avec Truffe Québec, l’organisme qui démarre l’industrie de la trufficulture au Québec. «Ils sont venus faire des tests de sol, on a travaillé avec des agronomes de la coopérative Cultur’Innov et on a eu des instructions claires sur comment valoriser l’implantation de la truffe dans nos champs. On a chaulé sur deux années, planté des engrais verts et là, cette année, c’était l’installation de la truffière.» Pendant qu’Alex est allé réparer la faucheuse avec l’aide d’un voisin, Gabrielle montre le champ où de jeunes pousses d’arbres truffiers se dressent, à portée de vue de la maison.
 
Et c’est là que Gnocchi entrera en jeu quand les arbres produiront la truffe, pas avant les 7 à 10 prochaines années. «On l’a embauchée pour ça; elle a un rôle dans l’équation», explique Gabrielle. Et Alex d’ajouter: «Sa fonction principale pour les premières années, c’est chien de famille, mais éventuellement on va l’entraîner!» Pour flairer le champignon à quelques centimètres de la surface du sol, paraît-il qu’il n’y a pas mieux qu’une romagnole avec tous ses papiers pour ce travail.

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