Où s’en va-t-on?

Des phrases comme celles qui suivent, on ne pourrait pas les inventer! «Comme dans les paroisses rurales, ce sera le principe de la cohésion physique autour du clocher paroissial qui présidera le plus directement à l’élaboration de la forme urbaine actuelle de la ville. Les autres facteurs, tels la répartition des espaces libres, la circulation, les étapes d’expansion, etc., seront ignorés. L’expérience de cette initiative démontre déjà qu’il en coûte à l’humain bien des énergies pour payer ses tâtonnements. (…) Aussi voit-on qu’un développement comme celui-ci part avec un handicap considérable, c’est-à-dire un cadastre existant, tracé sur des planches à dessin avec des équerres, sans notion aucune des conditions géographiques du territoire subdivisé. Tout est morcelé indifféremment, par procédé mécanique, sans considération de la topographie et des besoins de la population à accommoder.»

Ce texte ne date pas d’hier. Il est l’oeuvre d’une demi-douzaine de journalistes qui ont passé un mois et demi à Lac-Mégantic pour bien en saisir tout le portrait, à la demande de la Société Historique Industrielle Inc. ! C’était il y a plus de 60 ans! Aux environs de 1951-52!

Le centre-ville continuait d’évoluer malgré une certaine anarchie au niveau de l’urbanisme. Et c’est correct. Il suffit de parcourir les photos du centre-ville d’avant la catastrophe, réalisées par les Claude Grenier, Gaston Quirion, Jean Gauthier et autres photographes très actifs sur Facebook, pour se rendre compte que le «beau» n’est pas uniquement qu’une question de respect des règles dictées par les urbanistes. Notre bon vieux centre-ville, si peu uniforme, si dissemblable d’un bâtiment à l’autre, avait du charme. Beaucoup de charme! On s’en rend compte aujourd’hui plus qu’avant, maintenant que ce décor-là, plein de vie dedans, a disparu à jamais pour n’habiter que les livres d’histoire.

Parlons-en des règles et des lois en dehors desquels rien ne peut se faire ni se créer. Pendant que la police de l’urbanisme tapait fort sur les promoteurs qui ne suivaient pas le «plan» de la Promenade Papineau en posant du vinyle comme revêtement extérieur plutôt que du bois stratifié, pendant que cette police pourchassait comme des démons des entrepreneurs éjectés du vieux centre-ville par un incendie, parce qu’ils avaient commis l’erreur fatale de se relocaliser dans une zone résidentielle, et bien, il y avait cette maison qui ne paye pas de mine tolérée sur Pie XI, au milieu de belles maisons propres, et cette roulotte de gitan couchée sur des pneus qui apparaissait encore en début de semaine en bordure de la rue Cousineau.

Les tenants de la «stratégie du choc» résumeront les événements des 13 derniers mois à peu près ainsi: un crime corporatif a enclenché une crise économique, d’où l’intervention de l’État qui a pris les commandes d’une ville quasi sous tutelle, offrant tout de même aux citoyens l’illusion parfaite d’une page blanche à remplir, sans lui fournir de crayon pour noircir le vide laissé dans et autour du point d’impact de la catastrophe.

Les partisans de la «théorie du complot» ont tout de suite dénoncé les pétrolières, comme étant au cœur d’un exercice purement démagogique visant à rendre nécessaire la construction de pipelines et de super ports pétroliers le long du Saint-Laurent, une solution plus «sécuritaire» pour tout le monde, assure l’industrie.

Les plus optimistes, ceux qui voient toujours le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, ont sauté sur l’occasion pour étudier les opportunités qui se présentaient au lendemain de la catastrophe, au cas où ils pourraient puiser abondamment dans les largesses et surtout le «gros compte» de l’État providentiel.
Ceux qui ont voulu dénoncer les choses se sont faits taxer de chialeux et ceux qui sont restés chez eux à ne rien faire, ben, se sont fait traiter de «peuple résigné». Quoi qu’on fasse ou qu’on ne fasse pas, on ne s’en sort pas!

De sorte qu’après 13 mois, les choses avancent à tâtons, à coups d’essais, d’erreurs et de recommencements. Mais le tâtonnement a un prix! Un seul objectif: rester fidèle au plan! Pas moyen de le contourner celui-là!

Entre-temps, les forces s’épuisent. Nos élus ne le disent pas tout haut, mais certains d’entre eux en ont plein le pompon! Pris entre l’arbre et l’écorce, entre le contribuable qui paie et l’État qui décide, entre l’humeur de l’homme de la rue et les enjeux économiques supérieurs, certains doivent trouver le fardeau de la tâche lourd à porter, surtout qu’il reste encore une grosse année avant la fin du mandat prolongé.
Au diable la dépense, si on permettait à la moitié du conseil de se retirer pour laisser place à de nouveaux élus «de transition» qui pourraient franchir le pont jusqu’en 2017? Et l’autre moitié soumis à l’exercice pour l’an prochain!

Sinon, tout en bloc pour 2015, les prochains élus risquent d’avoir les mains liées par l’ensemble des décisions du présent conseil, dont certains sont au bord de l’épuisement et du découragement.

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