Le coach des Béliers, Yannick Thibault, en compagnie de son espoir Steve Mboumoua.
Après avoir porté les couleurs des Béliers de Montignac pendant cinq ans et laissé sa marque dans le football scolaire, voilà que Steve Mboumoua se fait courtiser par des universités américaines pour se développer en tant qu’athlète dans la NCCA – Division 1, le plus haut niveau intercollégial aux États-Unis. Des bourses d’études complètes à la clé et une chance d’être invité à joindre la National Football League. Rien de moins! «Il est le premier joueur du Québec à être sollicité de la sorte», note le coach des Béliers, Yannick Thibault, qui a toujours cru à son potentiel.
Ces derniers jours, Mboumoua a créé tout un «buzz» sur les réseaux sportifs. «C’est la première fois qu’un Québécois réussit cet exploit et il vient des Béliers», se réjouit le coach. D’origine camerounaise et arrivé au Québec en 2016 avec sa famille, à l’âge de 12 ans, avec déjà une carrure d’athlète, Steve Mboumoua, aujourd’hui âgé de 19 ans, fait 6 pi 4 pouces et pèse 273 lbs.
Au terme de sa première année de cégep au Campus Notre-Dame-de-Foy à Québec, Mboumoua a participé, en mai dernier, à trois camps de football. En juin, le coach Thibault l’a accompagné avec ses coachs du Campus Notre-Dame-de-Foy pour quatre autres camps.
Et c’est là que tout s’est bousculé. «Ma présence se voulait rassurante pour lui, raconte le coach. Nous sommes allés aux universités de Tennessee, Auburn, Mississippi et Alabama. Quatre journées très intenses, car nous devions nous déplacer entre les camps. Peu de sommeil, peu de repos, des camps de 3 à 5 heures chacun, avec des tests physiques, des exercices, de la technique et des oppositions 1 contre 1. Steve a été dominant dans chacune des facettes.» Personne n’a réussi à bloquer le géant, paraît-il.
Les universités se sont mises en ligne pour lui offrir des bourses: Alabama, Mississippi State, Minnesota, East Caroline, Arizona State, Penn State, South Florida, Memphis, Liberty et Boston College. L’athlète sera admissible à ces bourses en 2025, mais il pourrait l’être aussi dès l’année 2024.
«J’aimerais ça entrer en janvier 2024, dit-il en entrevue téléphonique avec l’Écho. Je viens de finir ma première année de cégep. J’étais supposé d’en faire trois, mais si j’ai assez de crédits, je peux entrer directement, je ne suis pas obligé de finir mon cégep. Toute ma famille est encore à Lac-Mégantic, ma mère, mon beau-père, ma sœur, mon frère. Je suis juste venu à Québec pour mes études.» S’il obtient un billet d’entrée dans une université américaine, sa famille continuera à suivre son parcours, mais de plus loin! «J’ai parlé pas mal avec tous les coachs universitaires canadiens (McGill y compris). Je regardais quelle était la meilleure option pour moi jusqu’à cette année, quand je suis allé faire mes camps (aux États-Unis). La porte n’est pas encore fermée pour les universités canadiennes, mais je regarde plus du côté américain c’est sûr, c’est le plus haut niveau de football où je pourrais jouer, si j’ai la chance d’y entrer! Ça va être mon plus gros «challenge» en tant que joueur de football et en tant qu’étudiant, parce que tous les programmes seront en anglais. Il va falloir s’ajuster, mais rien de nouveau, avec juste du travail, du travail et de l’acharnement, ça va se faire! Le football, c’est bien, mais j’aimerais ça graduer au niveau académique pour avoir un diplôme. C’est la condition de ma mère, si je m’en vais: il faut que je passe mes cours, que j’aie un diplôme qui fasse une différence, que j’aie un travail et une carrière après mon football.»
À son arrivée au Québec, Mboumoua n’avait aucune idée de ce qu’était le football, qu’il confondait avec le soccer. «Je ne savais pas dans quel monde je m’embarquais. Une chance que j’ai connu Yannick. Il m’a conseillé et épaulé. On a passé beaucoup de temps ensemble. Il m’a expliqué comment les choses fonctionnaient, comment le système de jeu marchait et il m’a dit que j’avais une chance de compétitionner parmi les meilleurs.» La plus grande leçon qu’il retient: «Il m’a dit de rester à l’école le plus possible; si l’école ne suit pas, malheureusement je ne peux pas jouer au football. Tout ça s’est concrétisé en 2019 quand j’ai fait Team Québec. Et quand je suis revenu à Lac-Mégantic, j’ai eu un meeting avec Yannick. Il m’a dit: si tu ne fais pas l’école, tu vas rater ta chance. Et tu viens de prouver que t’es capable de le faire. Puis, j’ai commencé à suivre des cours d’été, des cours du soir et j’ai rattrapé le retard que j’avais, mais il me manquait encore des crédits pour partir au cégep, donc j’ai fait un DEP en abattage pendant un an au Centre Le Granit et ça m’a permis de jouer une saison de plus avec les Béliers. J’étais le plus vieux. À la dernière année, j’ai joué avec mon p’tit frère! En entrant au cégep, j’ai eu la chance d’être plus mature physiquement et mentalement, aussi. Ça m’a permis d’être concentré et ça a débloqué sur de belles choses.»
Pour l’instant, il dit attendre «son» moment. «Pour l’instant, je n’ai pas vraiment de préférence. Dans deux semaines, je retourne à Lac-Mégantic visiter ma famille et avec Yannick, on va prendre le petit-déjeuner et discuter de tout cela.» Son programme pour l’automne, la visite cette-fois officielle dans les différentes universités. «C’est là que tu vois vraiment c’est quoi les efforts, c’est quoi les idées qu’ont les coachs, à quel poste ils veulent te faire jouer, plusieurs variables que tu dois regarder avant de prendre une décision qui va te permettre de jouer pendant trois ans et, si tu domines, tu peux passer à la NFL directement.»
S’il était un colosse respecté chez les Béliers - «c’était un travail d’équipe avec mes coéquipiers», dira-t-il – il est bien conscient que dans les lignes majeures, la taille est toute relative. «Pour certains postes où je voulais jouer, on m’a dit clairement que j’étais trop petit. Le minimum est de 6 pi 6 po.»
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