Oscar Brochu

Guerre et paix!

La polémique entourant le projet de reconstitution de la bataille des Plaines d’Abraham de 1759 à Québec, cet été, suscite étrangement plus d’intérêt de la part des milieux souverainistes que les récentes élucubrations de Nicolas Sarkozy. Dieu merci, les Français ont perdu la bataille des Plaines, sinon, il faudrait aujourd’hui s’agenouiller et prêter allégeance au petit Polichinelle de la République.

La Nouvelle-France s’est écrasée devant l’armée britannique, soit, mais faudrait-il en faire tout un plat, quand l’Histoire nous rappelle aujourd’hui avec quelle facilité le plateau de la Haute-Ville a été pris d’assaut par une armée disciplinée et bien entraînée pour la guerre?

Après des mois d’une invasion terrestre le long des côtes, la horde britannique n’a eu qu’à jouer du canon et du fusil pour écraser le dernier noyau de résistance en… même pas vingt minutes! C’est là que l’Histoire s’est jouée. Pourquoi ce sentiment d’humiliation encore aujourd’hui, 250 ans plus tard? Le Québec a évolué plus ces quarante dernières années qu’au cours des 210 autres qui ont suivi la conquête. On semble l’oublier!

Si la France n’avait pas lâchement abandonné un continent que ses explorateurs ont parcouru jusque sur les rives du Mississipi, si les Américains de Benedict Arnold avaient réussi leur insurrection sur les armées anglaises en sol québécois, si les patriotes avaient gagné leur guérilla contre l’envahisseur, si les Québécois avaient eu le courage de dire oui au premier référendum, … On ne réécrit pas l’Histoire! On ne peut qu’en tirer des leçons.

Malheureusement, pour tirer des leçons de la défaite française sur les Plaines d’Abraham, encore faut-il s’approprier les stratégies déployées par les deux armées qui s’y sont affrontées. La reconstitution de la bataille par des figurants n’aurait sans doute été qu’un spectacle pour touristes, certes, mais de là à en faire une levée de boucliers et à menacer de s’y rendre avec du crottin de cheval pour éclabousser de brun le bel uniforme rouge des british, qu’Elvis Gratton sorte vite de ce corps!

Amateur du jeu de Risk, je ne retiens jamais la leçon d’une partie à l’autre. Un looser invétéré! D’entrée de jeu, je positionne mes armées de talibans au Moyen-Orient, juste pour déstabiliser à la fois l’Asie, l’Europe et l’Afrique et empêcher mes adversaires de conquérir un continent. Les plus doués, eux, vont d’abord vouloir contrôler l’Amérique du Sud, en bons Che Guevara qu’ils sont, puis s’en prendre à l’Afrique (le Che aussi a essayé la manœuvre, sans succès!). Ou encore se gagner l’Australie, s’étendre à travers l’Asie, puis, tel le grand guerrier Gengis Khan, foncer à bride abattue vers l’Europe, l’Amérique et viser la conquête du monde! Parfois, la chance sourit aux plus audacieux. Le parallèle avec la bataille des Plaines? J’aurais aimé qu’à l’occasion du 250e anniversaire de cette célèbre bataille, on en fasse un jeu de stratégies. Qu’on refasse l’Histoire à notre manière, en essayant de contrer le siège des Britanniques. Parce qu’ils en avaient une stratégie, eux, les british! Ils voulaient conquérir le Canada et ils ont réussi, face à nos ancêtres qui en ont bavé à défendre une patrie dont un certain roi de France n’avait plus rien à foutre!

Humiliante, la défaite des Plaines? Pantoute! Les forces étaient inégales et elles le sont encore aujourd’hui, 250 ans plus tard! Mais ce n’est pas en chignant sur un passé moins glorieux, sur la trahison des ancêtres à Sarko, sur notre éternelle situation d’infériorité en terre d’Amérique qu’on évitera les erreurs du passé.

Faudrait qu’en cette année de commémoration de la bataille des Plaines, nos écoles s’inspirent de cette fresque historique pour montrer aux jeunes l’importance de réussir! C’est bien beau de distribuer de la littérature sur les 100 ans du club de hockey Canadiens, mais le décrochage scolaire, qui est notre fléau du XXIe siècle, laisse un goût amer de défaitisme, plus insidieux encore que la défaite sur les Plaines. Peut-être qu’en leur expliquant, détails à l’appui, à cause de quel manque de discipline et de stratégies nos ancêtres ont failli à la tâche, les jeunes comprendraient qu’ils ont tout intérêt à se river sur leur banc et préférer la voie de la réussite à celle de l’échec.

Sur une note plus nostalgique, dans mon meilleur souvenir des Plaines, il n’y avait ni Wolfe ni Montcalm. Par un bel après-midi de printemps, étendu sous un arbre, j’avais été tiré de mes rêves de mai 68 par l’arrivée d’un autobus scolaire. Un groupe d’étudiantes d’un petit village acadien du Nouveau-Brunswick y débarquait, bruyant. McGraw qu’elle s’appelait de son nom de famille. De belles taches de rousseur sur son visage de descendance irlandaise, sans doute. Son accent chiac m’avait charmé. Nos pieds pendant sur le bord du cap Diamant, nous avions échangé nos langues et nos cultures! Sans avoir une seule pensée pour ce sacré Wolfe qui, de la ville de Lévis, juste en face, avait fait tonner les canons le premier, 210 ans plus tôt. C’est ça mon souvenir des Plaines! Un moment purement charnel qui n’a fait aucune victime. Et qui ne passera pas non plus à l’Histoire, parce que de la belle, aussitôt retournée dans son patelin, j’en ai vite perdu la trace!

Si les canadians tiennent tant à jouer les petits soldats de plomb, qu’on les laisse faire. Notre génération du peace and love pourrait occuper une autre partie des Plaines pour un love-in commandité par Viagra! Et qu’on laisse aussi les éléments indépendantistes les plus radicaux livrer leur propre bataille! Ce serait le chaos sur les Plaines! Grosse thérapie collective!
Gros party!

Pour réagir, Connectez vous Pour réagir, Connectez vous

À lire aussi

  • Le Cameroun venu toucher du doigt le modèle du Granit
    Actualités

    Le Cameroun venu toucher du doigt le modèle du Granit

    Rémi Tremblay / 22 avril 2024
  • L’entente de loisirs se signera sans la première couronne
    Actualités Municipalité

    L’entente de loisirs se signera sans la première couronne

    Rémi Tremblay / 22 avril 2024
  • Un incendie dévaste une résidence de Marston
    Actualités

    Un incendie dévaste une résidence de Marston

    Rémi Tremblay / 18 avril 2024
  • Noé Lira : quand l’activisme prend de airs de fête
    Culture Musique

    Noé Lira : quand l’activisme prend de airs de fête

    Claudia Collard / 16 avril 2024
  • Happening de pure joie cosmique
    Actualités

    Happening de pure joie cosmique

    Rémi Tremblay / 16 avril 2024
Identifiez-vous pour commenter Identifiez-vous pour commenter

0 commentaire

  1. Jade Gosselin s’illustre au Défi OSEntrependre
  2. Le Comptoir Gourmand de la Fromagerie La Chaudière nommé «meilleur boss» engagé
  3. Section de rail abîmée
  4. Le Cameroun venu toucher du doigt le modèle du Granit
  5. L’entente de loisirs se signera sans la première couronne
  6. Un incendie dévaste une résidence de Marston
  7. Noé Lira : quand l’activisme prend de airs de fête
Virage numérique sans déraper
Noé Lira : quand l’activisme prend de airs de fête
Recherche d'emplois - Lac-Mégantic
  1. Attaché(e) politique - Attaché(e) de presse
    dans la MRC du Granit
  2. Couturières / Opérateurs de machine à coudre
    Courcelles
  3. Appariteur-concierge
    Lac-Mégantic
  4. Coordonnateur.trice en bâtiment écoénergétiques
    Lac-Mégantic
  5. Gardien de territoire
    Lac-Mégantic
Répertoire des entreprises