Oscar Brochy

Des pistes de solution pour contrer la violence

Des pistes de solution pour contrer la violence - Claudia Collard : Actualités
Quelques participants au colloque de La Bouée. À l'avant, le comédien et animateur Jean-Marie Lapointe et Jacques Brodeur, du groupe conseil EDUPAX, spécialisé en prévention de la violence et éducation à la paix. Derrière, Marie-Paule McInnis, Alain Trudel, Hélène Wavroch, les directrice et présidente de La Bouée, Sylvie Morin et Édith Robert et Martine Bélanger.
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Andrée Ruffo dénonce le monopole de la DPJ, qui n’utilise pas les pouvoirs que lui confère la loi pour agir rapidement en protection des enfants victimes de violence. (Photo Pierre Lebeau)
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André Melançon a présenté son documentaire Traverser la peur, réalisé en collaboration avec l'Alliance gaspésienne des maisons d'hébergement.
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Selon Dan Bigras, il n'y a pas trop de violence. «C’est juste qu’elle est mal placée».
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Robert Ayotte soutient que pour que les interventions soient efficaces, celles-ci doivent être axées sur la responsabilisation des hommes à l'endroit de leurs actes. (Photo Pierre Lebeau)

La violence n’a pas d’âge. C’était le thème du colloque organisé par La Bouée les 20 et 21 octobre, mais surtout le constat qui se dégage de l’événement qui a réuni plus de 140 personnes chaque jour au Club de golf de Lac-Mégantic. Les facettes de cette problématique ont été abordées de long en large, outillant sans contredit les intervenants d’ici et d’ailleurs au Québec sur ce fléau qui va jusqu’à causer la mort de plusieurs victimes.

Plusieurs points forts ont marqué ce colloque, dont la présentation du documentaire Traverser la peur, réalisé par le cinéaste André Melançon. Six comédiennes y incarnent des femmes dont l’histoire a été rapportée par les porte-paroles de l’Alliance gaspésienne des maisons d’hébergement, Caroline Boudreau, Monic Caron et Nancy Gough. Ces dernières ont pu mettre à terme ce projet de sensibilisation à la réalité de la violence conjugale. Traverser la peur relate avec beaucoup de sensibilité le vécu de victimes blessées dans leur corps et dans leur dignité, un film «coup de poing» aux antipodes du sensationnalisme.
Malgré sa grande qualité et son incontestable pertinence, les deux principaux réseaux de télévision refusent de diffuser le documentaire d’André Melançon. «Lorsque je leur ai présenté le projet, j’ai senti un grand malaise. La réponse qu’on m’a donnée, c’est qu’on ne voyait pas à l’intérieur de quel créneau on pourrait l’intégrer», a transmis le cinéaste, dont le documentaire est principalement présenté lors de colloques. Des organismes de la MRC du Granit en ont par ailleurs fait l’acquisition en vue d’un visionnement auprès de leurs clientèles respectives.

Le colloque de La Bouée laissait aussi place à des témoignages de victimes de violence conjugale. Marie-Paule McInnis, auteure du livre La survivante, dont les deux enfants ont été tués par son ex-mari, ainsi que Martine Bélanger, qui a perdu sa fille de neuf ans l’an dernier dans les mêmes circonstances, ont été interviewés par Jean-Marie Lapointe. Une femme d’ici, Lise Fortier, a pour sa part transmis son expérience et son passage en maison d’hébergement. En racontant leur parcours, elles souhaitent renverser la vapeur, afin que le cycle de la violence prenne fin une fois pour toutes.

Rien n’excuse la violence conjugale, affirme Robert Ayotte, directeur de l’Accord Mauricie de Trois-Rivières. Dans ce centre d’aide pour conjoints à comportements violents ou contrôlants, les hommes apprennent à se responsabiliser face à leurs actes. «Il ne faut pas perdre de vue que le recours à des conduites d’agression reste un choix personnel. Se responsabiliser, c’est reconnaître la pleine et entière responsabilité de ses agirs, de ses attitudes et de ses paroles dans toutes les situations, quelle que soit son histoire individuelle et familiale.»

La violence n’épargne pas les gens du troisième âge, a fait valoir Hélène Wavroch, militante de longue date qui œuvre auprès d’organismes communautaires voués à enrayer la maltraitance aux aînés. Brossant un portrait fracassant de cette réalité, elle fait état d’un phénomène social encore méconnu. Pourtant, la violence physique, psychologique et sexuelle, l’exploitation financière, la négligence et les mauvais traitements à l’endroit des aînés existent bel et bien. On estime que, chaque année au Québec, 150 000 aînés sont victimes d’abus. «En fait, nous disposons des mêmes chiffres depuis 15 ans parce que plusieurs aînés ne dénoncent pas les abus dont ils sont victimes, par peur de représailles.»

Cette violence salutaire
À cette violence injustifiable qui fait des victimes, Dan Bigras oppose une violence saine et libératrice où il n’y a pas de perdant. Celui qui enseigne la boxe à des jeunes «poqués» par la vie, filles et garçons âgés entre 9 et 14 ans, réussi par ce sport à entrer véritablement en contact avec eux. «Ces jeunes ont été tellement malmenés que leur seul canal de communication qui reste ouvert, c’est la colère. Avec la boxe, on leur donne un espace pour s’exprimer. Ça ne les rend pas plus violents; ils savent déjà comment donner des coups de poing sur la gueule. Mais ça permet de faire sortir leur rage, sans faire de victime. La violence est un exutoire si elle est faite par jeu et non pas pour détruire l’autre. Selon moi, il n’y a pas trop de violence, c’est juste qu’elle est mal placée.»

Zones d’ombre et de lumière
Les commentaires positifs du colloque ont été nombreux rapporte la directrice de La Bouée Sylvie Morin. «Nous sommes très satisfaites du déroulement. Différents aspects de la violence ont été démontrés et c’est exactement ce qu’on voulait. Plusieurs ont dit avoir été touchés par ce colloque». Une ombre au tableau par contre : «Je suis déçue qu’aucun policier n’ait répondu à notre invitation, malgré nos appels répétés», partage-t-elle. Mme Morin déplore aussi l’absence de représentants locaux de la DPJ. Conférencier du colloque, le directeur régional de la projection de la jeunesse, Alain Trudel, a été mis bien au fait de l’importance du dialogue entre la DPJ et des ressources comme La Bouée, afin qu’une position commune soit adoptée en faveur des enfants en situation de violence conjugale. «Le système actuel fait en sorte que les droits du père passent en premier, même si celui-ci ne veut pas voir son enfant», signale Mme Morin.

Dans son allocution prononcée le 20 octobre, l’ex-juge à la Chambre de la jeunesse André Ruffo n’a pas manqué de dénoncer le monopole de la DPJ, signifiant que ses ressources n’utilisent pas le système judiciaire à leur disposition. «Quand on a la mission d’aider les enfants, la première chose à faire c’est agir, être attentif, être préventif. Ne pas attendre les catastrophes qui, la plupart du temps, sont annoncées. Il existe des mesures d’urgence où il est possible d’obtenir un jugement dans les 24 heures.» Selon elle, l’inefficacité de la DPJ relève de l’incompétence, parce qu’on ne tient pas compte des nouvelles informations disponibles sur les réalités sociales, lesquelles sont en constante évolution. «On n’a pas le droit de ne pas intervenir. Pour être compétent, il faut s’instruire, connaître davantage. On n’a pas le droit de rester à la même place.»

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