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Britannicus Now, ou la force brute de l’intimidation
Becky (Véronique Laroche), Delphine (Éricka Tremblay-Roy) et Justine (Marilyn Perreault). (Photo Martin Blache)
Britannicus Now, c’est l’intimidation dans sa forme la plus crue. Celle qui ne prend aucun détour pour écraser plus vulnérable que soi, qui contamine sa victime jusqu’à ce qu’elle disparaisse à jamais. Vrai que l’intimidation à l’état brut se passe aisément de subtilité, sa seule existence ayant force de loi. C’est du moins ce qu’on reçoit de l’œuvre signée Marilyn Perreault.
Trop peu de gens le soir du 21 avril à l’auditorium Montignac compte tenu l’explosion de talent campée sur les planches. Un texte d’une superbe vivacité mis en scène par Lilie Bergeron, qui dépeint la réalité des clans en milieu scolaire. Ici, l’histoire se déroule dans une école privée de filles et l’auteure, la comédienne Marilyn Perreault, y joue le rôle central de Justine.
Justine, donc, nouvellement débarquée dans l’établissement, s’est familiarisée avec la mécanique de l’intégration au fil de déménagements constants. C’est aisément qu’elle s’«infiltre» dans le clan des Jupes, dominé par Delphine (Érika Tremblay-Roy). Cette dictatrice et sa «suivante», Becky (Véronique Laroche), font partie des filles qui brillent, celles de l’ombre étant du clan des Pantalons. Brittany (Ariane Bisson McLernon) fait partie de ce dernier groupe. Britanny l’exclue, Britanny que ses rivales nomment «la chose».
Dans l’école on monte Britannicus et la tragédie de Racine se transpose dans le monde réel. Néron (Delphine) affronte Britannicus (Britanny) pour lui prendre Junie (Justine)…. Britannicus qui meurt empoisonné… Britanny, qui s’enlève la vie par overdose.
Certes, l’histoire relève de l’extrême mais cette tragédie trouve avant tout sa force dans un texte puissant et des personnages dont l’émotion frappe comme un coup de poing. Criante cette scène où Justine subit l’assaut sexuel de Stan (Jean-Moïse Martin) en décrivant son silence et son immobilité volontaires pour ne pas se faire remarquer alors qu’elle surveille son amie Britanny, qui n’aurait jamais dû se rendre au party des Jupes… Le tout dans un enchevêtrement de tuyaux, modules sur roues qui simulent les différents lieux de l’histoire, décuplant son aspect sinistre.
Cette production du Théâtre Double Signe remplit une double mission, celle de rendre accessible le théâtre en réinventant un classique et de dénoncer à sa façon l’impitoyable fléau qu’est l’intimidation. Parfait pour les milieux desservant une clientèle adolescente.
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