Il était une fois…

D’habitude, les histoires qui commencent par ces mots finissent plutôt bien. Celle que je vous raconte aujourd’hui n’a pas encore connu sa fin, mais le premier épisode qui s’est terminé dernièrement a plutôt une finale à la fois sombre et triste…

Il était une fois un jeune homme qui avait une passion pour la bonne forme physique et qui voulut la transmettre au plus grand nombre de gens possible. Pour y arriver, il décida donc d’acheter une entreprise qui répondrait à ses objectifs et qui lui permettrait du même coup de créer son propre emploi: un centre de conditionnement physique.

Septembre 2001: voilà, c’est fait, notre homme est propriétaire de son entreprise et le voici confiant dans l’avenir. Bien sûr, il ne s’agit pas de la transaction du siècle et la presse n’assiste pas à la coupe de ruban traditionnelle. Faut dire que l’entreprise est située dans un secteur qui n’a pas la réputation d’être très «branché». Mais le but visé est atteint et c’est ce qui importe le plus: notre homme devient son propre patron et fait désormais ce qui le passionne par-dessus tout. Il sait que les heures seront longues et les vacances très rares. On ne compte plus les heures quand on est à son propre compte. Il faut du temps pour se bâtir une réputation mais il a tout son temps, il sait et il assume.

Au fil des ans, notre entrepreneur modernise ses installations, ses équipements, et de «gym de gros bras» dont il avait la mauvaise réputation à ses débuts, le petit commerce de la rue Salaberry devient peu à peu «le gym à la portée de tout le monde». Même un p’tit vieux de mon âge s’y sent chez-lui, ce n’est pas peu dire. La vie est belle, les gens sont en forme, l’ambiance est agréable et tout va pour le mieux.

Mais la mode étant de plus en plus à la bonne forme physique, un bon jour notre homme doit faire face à la concurrence qui s’installe un peu partout. D’un seul centre d’entraînement qu’elle comptait au départ, la ville en compte maintenant trois. Mais il s’attèle à la tâche et malgré les scénarios d’apocalypse qu’on lui prédit devant une telle compétition, il maintient le cap. Sa clientèle lui reste fidèle et sa route se poursuit contre vents et marées. Il a fait mentir tous ceux qui le voyaient rendre l’âme et devoir fermer boutique devant l’arrivée de nouveaux centres modernes et compétitifs.

Et arriva le 6 juillet 2013!

Ouf !!! Notre homme peut se compter très chanceux : son commerce a totalement été épargné. Il n’est pas dans une zone contaminée, sa clientèle a toujours accès à son gym et il s’en tire avec une bonne frousse. Il est maintenant à l’abri des «dommages collatéraux» d’une tragédie sans nom. Mais le sort a voulu que son quartier soit maintenant appelé à devenir le « nouveau centre-ville» et son petit commerce sans histoire et sans artifice n’y a plus sa place. On n’arrête pas le progrès semble-t-il…même si le progrès a parfois un goût un peu amer.

C’est curieux mais en me rappelant cette histoire, je me suis souvenu d’une autre tout aussi triste reliée aux olympiques de Sochi. Un reportage télévisé a fait beaucoup réagir quand on nous a montré des citoyens de la ville hôte des olympiques qui avaient été expulsés de leur logement pour faire place aux installations sportives que nécessitent deux semaines de jeux. Mais peut-être que les histoires qui font la manchette des médias internationaux nous apparaissent plus pathétiques et poignantes que celles qui se passent dans notre cour.

Loin de moi l’idée de comparer les deux situations. La reconstruction de grandes surfaces est essentielle pour la survie même de notre ville suite à un «bombardement de pétrole» et ne s’apparente en rien à la folie olympique de Poutine. Ce sont plutôt les conséquences subies qui s’apparent et qui me désolent. Dans un cas comme dans l’autre, les dégâts humains sont très importants. On a «évacué» un propriétaire d’entreprise qui gagnait sa vie honorablement et du coup, on lui enlève sa dignité et sa fierté. Et quand on connait la pénurie de locaux disponibles dans notre patelin, on peut facilement comprendre son désarroi face à l’avenir.

Mais comme je le disais, cette histoire n’est pas terminée, heureusement. Je souhaite seulement que notre jeune entrepreneur conserve son énergie et son optimisme parce que je voudrais lire très bientôt dans les «actualités» que son gym va rouvrir ses portes. Renaud, sois certain que dans ce cas, je serai ton premier «ancien nouvel abonné».

Guy Gagnon
Août 2003-février 2014

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