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Détresse anonyme
Lu quelque part: «Le fait que la majorité des fumeurs ne développe pas de cancer des poumons n’empêche pas le tabagisme d’être la cause principale du cancer des poumons. De la même façon, le fait que la majorité des musulmans ne verse pas dans le terrorisme n’empêche pas l’idéologie islamique d’être la cause principale du terrorisme.»
Ajoutons, tant qu’à y être: «Où que vous soyez sur la planète, il y a 1000 fois, 100 000 fois, 100 millions de fois plus de risque de se faire tuer par un cancer ou un méchant virus que par un terroriste.» Et pourtant, que faisons-nous pour se protéger contre la perte de la santé?
Restons dans la maladie. Je vous raconte: l’autre jour, dans la salle d’attente d’un centre de recherche du CHUS à Sherbrooke, j’attends. La femme d’à côté accompagne elle aussi une proche pour un examen en IRM. Quand vous tombez dans le cycle de la maladie et des hôpitaux, c’est fou à quel point vous développez l’art de mettre en commun votre nouveau vocabulaire enrichi au fil des conversations avec les spécialistes et des consultations dans Wikipedia ou un quelconque dictionnaire médical. Vous pouvez aussi choisir de garder le silence, assis inconfortablement sur votre chaise, mais le temps pourrait être long, toujours trop long. La femme d’à côté avait prévu le coup, amenant avec elle un livre pour tuer le temps. Entrer à l’hôpital pour un examen médical, c’est comme entrer son char au garage pour un check-up! Tu te pointes à l’heure dite pour le rendez-vous, mais tu ne sais jamais combien de temps ça va durer. Alors, vaut mieux prévenir le coup et amener avec toi une lecture de chevet, sinon, juste regarder les murs d’un beige qui en a vu d’autres, ou tout bonnement assister au défilé des malades sur pieds, en civière ou en chaise roulante, c’est pas vraiment jojo.
Après quelques banalités échangées, la femme d’à côté s’est mise comme ça à dérouler le fil de sa vie. Du moins, les chapitres des trois dernières années. Cent pour cent à l’écoute, je n’ai pas vu le temps passer. Plus d’action dans cette courte conversation anonyme que dans toute une saison des Feux de l’amour!
Je vais tenter de résumer. Prière de ne pas la juger. Vous ne savez pas qui elle est, moi non plus, d’ailleurs! N’ai pas eu le temps ni la curiosité de lui demander son nom!
Retour en 2012! Entrepreneure, avec une demi-douzaine d’employés à sa charge, la femme avait six enfants et en attendait un septième quand une grosse pierre lancée d’un viaduc a atterri dans le pare-brise de l’auto qu’elle conduisait. Bang! Quand elle a repris conscience, encore ébranlée, son ventre rond écrasé par sa ceinture de sécurité, des policiers lui ont demandé tout bonnement de déplacer sa voiture, parce qu’elle nuisait à la circulation! Ça presse! Quelques jours plus tard, on la libérait d’un enfant mort-né! Dépression, dans le genre «plus le goût de…» Ses employés sont allés voir ailleurs, son entreprise s’est disloquée avec son goût de vivre, elle a même cessé de s’occuper de ses enfants. Sauf que, dans ses pires cauchemars à répétition, elle tuait d’un coup de couteau son septième qu’elle n’a pas eu! Comme si c’était sa faute à elle s’il était mort, le numéro sept! Étrange sentiment de culpabilité qui la hantait de jour comme de nuit. Demande de l’aide, raconte ses cauchemars, reçoit comme réponse la visite de policiers qui viennent l’arrêter au domicile, alors qu’elle berce son plus jeune. Accusation de tentative de meurtre, procès, prison! 58 jours au total qu’elle passera derrière les barreaux, la criminelle! Autour d’elle, le monde continue de s’écrouler, comme les rebords d’un viaduc quand ça se met à tomber à la chaine, une pierre à la fois. Départ du conjoint qui obtient la garde des enfants, interdiction pour elle de les voir sans la présence d’un tiers! Interdiction tout court d’être en présence d’enfants! Réfugiée chez ses parents, qui habitent la province voisine, elle tente de replacer les morceaux, mais elle finira par se sentir là aussi rejetée! De retour au Québec sur l’aide sociale, elle économise 5$ quand elle peut pour ramasser la rondelette somme de 400$ qui lui permettra d’entamer une procédure judiciaire contre son propre avocat qui l’a envoyée en prison, malgré la compassion du juge. Paraît que quand ça va mal, y’a toujours le risque que ça puisse aller encore plus mal.
C’est tout ce que j’ai su d’elle avant que la personne qu’elle accompagnait sorte enfin de la salle d’examen. Pas sûr non plus que j’aurais aimé que l’entretien se prolonge! Et vous?
Si vous pensez que le monde va bien, éloignez-vous des hôpitaux… et des palais de justice! Dans les uns comme dans les autres, se brassent la misère humaine, la détresse à grands coups de pelle! Et si la justice est aveugle, imaginez la santé!
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