Photo: L’artiste Ida Rivard en compagnie de Cindy-Ann Lacroiix et Charline Gervais Brosseau, respectivement directrice et intervenante de milieu à la Maison de la famille du Granit.
Les plumes pour le souffle, celui qui s’arrête et l’autre d’après, permettant d’amorcer deuil puis processus de guérison. Et d’intégrer cette parentalité happée dans son histoire de vie. La murale Souffles, réalisée par l’artiste Ida Rivard, est une ouverture au dialogue, à l’accueil du deuil périnatal, afin de briser les tabous qui persistent encore.
Inaugurée le 21 juin dernier, l’œuvre d’Ida Rivard prend place dans le couloir de la Maison de la famille du Granit (MFG), au cœur de la ressource. «C’est un espace qu’on traverse souvent, qu’on peut honorer, en faire un lieu de recueillement, de silence. L’œuvre va permettre aux familles qui le désirent de marcher doucement, respirer avec tout ce que deuil périnatal soulève en eux, s’arrêter, avoir une oreille au besoin», décrit l’intervenante de milieu Charline Gervais Brosseau, dont l’idée de départ lui est venue lors d’une discussion sur le déménagement de la MFG dans ses nouveaux locaux, évoquant alors «tout ce qu’on porte en nous comme bagages, blessures et deuils».
Approchée par l’équipe de travail de la MFG, Ida Rivard s’est tout de suite sentie interpellée par le projet. Son approche artistique visant essentiellement à créer un dialogue, l’idée l’a fait aisément vibrer. «Le deuil périnatal est un thème fort. On ne sait pas comment accueillir cette réalité. Souvent on ne la nomme pas, ça crée un malaise… Puis on birfuque et on parle d’autre chose. Et les parents endeuillés n’ont pas l’espace pour vivre ce qu’ils ont à vivre.»
Dans son processus créatif, plusieurs ont partagé à Ida leur histoire de deuil périnatal. «De grands moments intimes en sont émergés rapidement, des grands moments d’humanité aussi. J’en ai encore des frissons…», partage celle qui a choisi une à une les plumes de son tableau. Parce que chaque vécu est unique et que «l’histoire de la parentalité ne cesse pas avec le dernier souffle de son enfant. C’est plutôt un nouveau souffle qui nous habite à jamais.»
En créant un espace propice au recueillement, la murale Souffles permettra donner à la réalité encore trop invisible du deuil périnatal la place qui lui revient. Non seulement au sein de l’organisme mais aussi «dans nos relations, nos communautés et ultimement notre société», partage Charline Gervais Brousseau.
La directrice de la Maison de la famille du Granit, Cindy-Ann Lacroix, informe qu’elle et deux autres intervenantes de la ressource sont formées en accompagnement du deuil périnatal. «On a déjà eu un groupe de soutien, qui pourrait être réactivé au besoin. On fait aussi du soutien en individuel, en plus de la possibilité de jumelage entre parents endeuillés.»
Le projet de murale bénéficié du soutien financier du Conseil des Arts et des Lettres du Québec, du Conseil de la Culture de l’Estrie et de la MRC du Granit.
{text}